2/11 le convoi aux côtés des exilés

Voici la suite du compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Le convoi le plus long ! Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes contre l’adversité et la résignation.
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DEUXIÈME ÉPISODE (SUR 11) : AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE ✊❤️
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⤵️ Épisodes précédent et suivants : voir tout en bas ⤵️
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Depuis toutes ces années, notre convoi a pour but de soutenir politiquement et matériellement la résistance (sociale, environnementale…), mais aussi les initiatives solidaires qui mettent en œuvre l’autogestion et la démocratie directe dans l’entraide avec les personnes précaires grecques et exilées. L’un des plus beaux exemples depuis 2015 est sans doute le Notara 26, un grand squat de réfugiés et migrants très connu à Athènes, qui tient bon dans le quartier d’Exarcheia.
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Ce squat est un peu à la croisée des chemins : il a traversé des moments très difficiles ces dernières années avec l’arrivée de Mitsotakis au pouvoir en juillet 2019 (multiplication des offensives contre Exarcheia, durcissement de la politique d’accueil…), puis la pandémie et toutes les conséquences sociales qu’on sait. Aujourd’hui, beaucoup des solidaires sont épuisés, mais le projet tient bon et nous savons qu’un nouveau cycle va voir le jour, au gré des nouvelles arrivées de diverses provenances. Un squat dépend beaucoup des gens qui y vivent, de leur façon de comprendre et de faire évoluer le projet, de s’y impliquer. Selon les années, l’implication des résidents est plus ou moins importante et le sens politique prend d’autant plus toute sa dimension. Notara 26 est un symbole dont nous avons besoin, d’autant plus qu’il est l’un des piliers d’Exarcheia, l’un des points de repères avec le K*Vox, le fameux squat de Rouvikonas, à quelques centaines de mètres de là.
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D’ailleurs, le K*Vox n’a pas manqué d’accueillir une fête du Notara dans son grand bar autogéré, entièrement au profit du squat d’exilés, qui s’est conclue par un concert de rébétiko à l’occasion du nouvel an Kurde (cf. affiche ci-dessous). Les collectifs du centre d’Athènes savent combien la lutte aux côtés des exilés est essentielle aussi : nous sommes toutes et tous des précaires en puissance sur cette planète où l’on veut nous interdire de circuler librement pour vivre autrement.
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Pour le convoi, c’est la même chose : le Notara 26 n’est pas seulement l’un des lieux et collectifs d’exilés que nous soutenons en Grèce. C’est celui que nous avons vu naître et que nous avons épaulé toutes ces années. Celui dont plusieurs d’entre nous sont ou ont été des solidaires actifs, en particulier quand la police l’a menacé d’évacuation durant l’été et l’automne 2019. Certains membres des convois passés étaient même venus de France et de Belgique pour participer aux permanences nocturnes dans la rue, devant le squat où dormaient les enfants sauvés des eaux et leurs familles.
Nos livraisons au Notara 26 illustrent aussi parfaitement ce qu’a été ce long convoi en plusieurs phases de janvier à mai : au total, 6 fourgons sont venus livrer le grand squat d’Exarcheia durant cette période. En janvier, un fourgon de Montreuil, complété lors de son étape à Martigues, a livré de la nourriture mais aussi différentes choses pour résister au froid qui frappait alors Athènes, ainsi que des jouets pour que le Père Noël « rouge et noir » puisse enfin passer avec une hotte suffisamment remplie. En février, deux fourgons de Nevers puis de Revel ont livré successivement encore d’autres choses présentes sur la liste des besoins. Puis en mars, l’un de ces fourgons est revenu de Crète avec une cargaison de fruits et légumes, ainsi que de l’huile d’olive achetée à des paysans en lutte (démarche expliquée dans l’épisode 8 avec d’autres exemples). Début avril, lors de la phase suivante du convoi, l’un des fourgons en provenance de Marseille était entièrement consacré aux besoins du Notara 26. Puis, fin avril, une nouvelle livraison de fruits et légumes était organisée en provenance de Crète, complétée par de la collecte réalisée dans nos réseaux dans la région d’Héraklion.
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Durant les mois de janvier et février, le froid a frappé à plusieurs reprises et les anges de la place Exarcheia étaient sous la neige. Parmi les nombreuses personnes qui erraient dans les rues athéniennes à la recherche d’un peu de chaleur, une exilée africaine et son petit garçon de deux ans étaient au bout du rouleau. Alors que la neige ne cessait de tomber et qu’elle se trouvait à l’autre bout d’Athènes, cette maman a contacté notre amie Sylvie de Port-St-Louis sur les réseaux sociaux, grâce à un téléphone, puis Sylvie a immédiatement contacté Maud. Une heure plus tard, Bénédicte et son fils Trésor étaient accueillies à bras ouvert au Notara 26, en pleine nuit, vers une heure du matin. Le Notara 26, c’est ça aussi, dans la limite des places disponibles : un havre de repos pour les exilés épuisés et glacés tout autant par l’hiver (qui est parfois rude dans les Balkans) que par l’inhumanité de l’État grec et de la politique européenne (camps fermés, baisse des moyens, etc.). Aujourd’hui, Bénédicte et son fils sont encore au Notara 26 et la dernière visite du convoi nous a donné l’occasion de lui apporter un petit trousseau de diverses choses utiles pour elle et son bébé.
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Durant ces épisodes neigeux, on se rappelle aussi de la mobilisation des anarchistes pour débloquer les rues du quartier, à la grande joie des riverains, alors que l’État était complètement dépassé, sur l’impulsion du groupe Rouvikonas :
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Nous évoquerons dans d’autres épisodes, les actions spécifiques du convoi sur le plan médical avec le Notara 26 comme avec d’autres lieux (épisode 4), ainsi que de nouvelles actions avec d’autres lieux, comme la Maison des migrants de Chania (épisode 9) que nous sommes allés soutenir à deux reprises, en particulier sa cuisine solidaire autogérée et gratuite, au centre de la deuxième ville de Crète, sans oublier les nombreux travaux effectués dans les lieux dont ce squat d’exilés (épisode 10).
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En Crète, il a également neigé, même s’il fait moins froid que sur le continent et nos actions aux côtés des exilés concernent principalement les ouvriers agricoles très précaires. Au fil des convois, nous nous sommes liés d’amitié avec plusieurs familles afghanes qui, à leur tour, nous ont offert l’hospitalité et nous ont fait déguster le délicieux pain à l’orientale au feu de bois ! (cf. photos) À Lesbos aussi, plusieurs d’entre nous ont vécu de grands moments d’amitié et d’entraide avec les exilés… inoubliables !
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À partir du mois de mars, avec le début de la guerre en Urkaine, une question s’est posée à nous, par l’intermédiaire de nos amies Carola Rakete et Pia Klemp : comment répondre aux demandes urgentes d’hébergement en provenance du réseau anarchiste ukrainien ?
En effet, plusieurs compagnons libertaires coincés sur place étaient désireux de nous confier leurs familles qui avaient la possibilité de partir : parfois une maman avec un enfant en bas-âge, parfois un adolescent dont la mère avait finalement décidé de rester en Ukraine au côté du père même si la loi lui permettait à elle de partir… Des situations très dures moralement pour ces réfugiés laissant un ou plusieurs de leurs proches dans cette épreuve sanglante ; tous ces réfugiés ayant en commun avec la plupart d’entre nous l’utopie libertaire (car nous ne sommes pas tous anarchistes et cette diversité fait notre richesse et notre force).
Ces compagnons ukrainiens savaient qu’en s’adressant à nous, comme à Pia ou Carola, leurs proches seraient non seulement à l’abri, mais aussi dans un bain culturel et politique similaire au leur. Ce fut un honneur pour nous d’être sollicités et de les aider. Merci également aux compagnons et camarades de France, d’Allemagne et de Suède vers lesquels d’autres réfugiés sont finalement partis, espérant des conditions de vie un peu moins précaires et, dans certains cas, caressant l’espoir de reprendre leurs études. En tout cas, ce fut encore une belle occasion de vérifier à quel point Carola, Pia et tant d’autres sont des compagnonnes de luttes formidables, et pas seulement sur les flots de la Méditerranée.
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Toutes ces actions ne sont peut-être pas grand-chose face à l’ampleur du désastre, mais elles encouragent à poursuivre nos luttes qui convergent toutes vers un même but : reprendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble, par-delà nos différences.
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Hauts les cœurs ! Encore merci à toutes celles et ceux qui ont participé à la préparation de ce convoi, d’une façon ou d’une autre. Et à demain pour la suite !
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Tous les épisodes :
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1 – POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ?
(préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)
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2 – AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE
Le squat Notara 26 à bout de bras ! Une maman et son bébé sans abri recueillis sous la neige ! L’arrivée d’enfants d’anarchistes ukrainiens ! L’accueil chaleureux des afghans près d’Héraklion !
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3- L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES
Une histoire insolite et formidable
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4- UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT
Des anciens professionnels de santé sont partis avec nous pour épauler les structures autogérées de santé. Des camarades frappés par des maladies graves reçoivent une aide complémentaire.
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5- LE CŒUR D’EXARCHEIA BAT ENCORE
Le K*Vox fête ses 10 ans, Rouvikonas résiste toujours et le quartier descend dans la rue contre la répression et la gentrification !
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6- DES ACTIONS UN PEU PARTOUT EN GRÈCE
Notre soutien concerne également des squats qui sont loin d’Athènes, des collectifs de Patras à Thessalonique, des ouvriers en lutte comme les dockers du Pirée en grève contre la firme Cosco, des victimes précaires d’un séisme en Crète, etc.
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7- DES LUTTES ENVIRONNEMENTALES À LA CROISÉE DES CHEMINS
La firme française Total renonce à ses forages pétroliers en Crète !!! La construction du nouvel aéroport de Kastelli est au point mort !! Un nouveau front de résistance vient de s’ouvrir, cette fois au sud de l’île depuis ce dimanche 15 mai, contre un immense projet hôtelier dans un site naturel magnifique…
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8- SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES : LE PARI RÉUSSI DES INITIATIVES SOLIDAIRES AUTOGÉRÉES EN GRÈCE !
Des paysans crétois en lutte (contre des firmes françaises) fournissent en fruits, légumes et huile d’olive les lieux autogérés et solidaires des grandes villes pour les précaires grecs et migrants. Une grande serre autogérée dans la banlieue d’Athènes rejoint la lutte pour l’autonomie. Mais aussi : jardins partagés, création de composteurs, permaculture, extension des espaces de gratuité et d’horizontalité, prêt de vélos, mise en commun d’outillage…
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9- LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE
L’enjeu : nourrir des milliers de précaires (grecs et migrants) dans l’entraide, sans l’aide du pouvoir ni de ses valets !
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10- UN CONVOI SOLIDAIRE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX
On n’a pas chômé durant 3 mois : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie. Naissance d’un garage solidaire autogéré !
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11- LA CAUSE DES ENFANTS : PÉDAGOGIE FREINET, BIBLIOTHÈQUES SOCIALES, JEUX…
Parce que la société autoritaire et inégalitaire frappe aussi les enfants, nous avons participé au développement de bibliothèques sociales, de ludothèques autogérées, de cours gratuits de langues, de la philosophie avec les enfants, de la pédagogie Freinet et d’autres outils coopératifs de prise de conscience et d’émancipation dès le plus jeune âge.
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Faites passer ! Transmettez au moins la nouvelle à toutes celles et ceux qui ont participé !
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PS :
Si vous voulez (et pouvez) contribuer, nous n’avons plus de fond d’urgence en ce moment alors que c’est indispensable et une dizaine de nos lieux et collectifs n’ont pas encore pu être soutenus faute de moyens suffisants durant le convoi. Trois possibilités :
1- Effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730 BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
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2- Suivre ce lien PAYPAL :
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3- Envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80
(une liste complète des lieux récemment aidés se trouve parmi les images du premier épisode)