10/11 Un convoi solidaire, c’est aussi du bricolage et des travaux dans les lieux

Voici la suite du compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Le convoi le plus long ! Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes contre l’adversité et la résignation.
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DIXIÈME ÉPISODE (SUR 11) : UN CONVOI SOLIDAIRE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX ✊❤️
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⤵️ Épisodes précédents et suivants : voir tout en bas ⤵️
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Certains nous interrogent parfois sur l’utilité de faire autant de route (jusqu’à Ancona, car ensuite, arrivés en Grèce, c’est beaucoup plus court). On nous parle de la fatigue, des frais (que nous prenons chacun à notre charge) et surtout de l’empreinte écologique d’un tel voyage.
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Concernant la fatigue, on est tellement excités de partir qu’on ne la ressent presque pas. Ce sont de grands moments que nous vivons ensemble puis sur place. C’est aussi une occasion d’échanger avec des personnes qui n’ont pas exactement le même avis, qui militent dans d’autres domaines, d’autres groupes et avec d’autres méthodes. Bref, ce sont des moments de convergence de luttes et c’est passionnant. Ensuite, sur place on apprend et on échange plein de choses avec nos camarades grecs et migrants. La fatigue, on ne commence à la ressentir qu’au bout de quelques jours sur place, la plupart du tard.
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Les frais, sauf exception ou coup de main entre nous, on les prend chacun en charge en autonomie. On ne fonctionne pas avec une logique d’ONG. On mène une action militante de mouvement social à mouvement social, directement et sans fioritures. Certains économisent longtemps avant de partir. D’autres ne viennent qu’une fois sur trois. Et puis, il y a celles et ceux qui font partie de syndicats ou d’organisations qui les aident à partir. Souvent c’est à l’échelle de leur département. On a ainsi vu des fourgons CNT, CGT ou SUD dans les convois passés, ou encore avec un drapeau d’ATTAC ou de la FA ou de l’UCL, parmi d’autres exemples fréquents. Sans oublier des fourgons ZAD bien sûr ! Parfois, un gilet jaune sert de drapeau ou un symbole végane, féministe ou antifasciste, ou encore des emblèmes de collectifs belges ou suisses parmi nous qui donnent à nos convois leur dimension internationale (certains sont également venus d’Espagne, du Québec, d’Italie et cette fois, en février-mars, nous avions parmi nous un camarade venu d’Allemagne).
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Pour finir au sujet des frais, ce qu’on transporte vaut beaucoup plus que le coût du transport : de 4 à 12 fois plus selon le détail de la cargaison et le type de véhicule.
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Reste la question la plus délicate : celle de l’empreinte écologique. Pour y répondre, il faut bien comprendre qu’on ne se déplace pas que pour livrer, loin de là ! Nous n’apportons pas seulement un soutien matériel et financier, mais aussi et surtout politique ! Un convoi solidaire avec nous, c’est d’abord une action, une mobilisation et parfois une lutte (épreuves en chemin, obstacles, difficultés… depuis les barrages policiers jusqu’aux tentatives d’intimidation, surveillances et filatures grossières, sans oublier plusieurs gardes à vue violentes et une embuscade néo-nazie durant les convois passés).
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Le convoi solidaire vers la Grèce est aussi un grand moment d’échanges de pratiques, de formation politique mutuelle sur un plan horizontal, avec nos camarades grecs et migrants, et ce, dans tous les domaines. La plupart de celles et ceux qui ont connu au moins une fois cette expérience nous disent avoir appris beaucoup de choses, avoir vécu une sorte de voyage initiatique, d’aventure collective et émouvante à la rencontre de sœurs et frères humains pareillement en lutte que le pouvoir nous présentent comme des étrangers et desquels il nous sépare aux moyens de frontières qui marquent comme des cicatrices la surface du globe terrestre.
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Le convoi solidaire en Grèce, c’est enfin du bricolage, beaucoup de bricolage dans les lieux, et parfois aussi du jardinage. Encore une bonne raison de faire la route jusqu’à Athènes, Thessalonique ou la Crète…
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Cette fois ci, on n’a pas chômé durant 3 mois : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie ! On a encore fait beaucoup de choses, ici et là. Mais il reste énormément à faire. Plusieurs lieux comme le Notara 26 ont besoin d’autres travaux électriques et aussi en plomberie. Par contre, au niveau rangement, beaucoup de choses ont été faites (nourriture, hygiène, bibliothèques, infirmerie, jouets….). Au sein des lieux, des petits groupes de résidents sont responsables de certaines choses, tâches ou zones. Du coup, on travaille avec eux et c’est aussi l’occasion de mieux se connaitre. Par exemple, au niveau électricité, l’un d’entre nous a travaillé avec deux des migrants qui vivent au Notara 26. Ailleurs, deux d’entre nous ont fait de la plomberie avec deux camarades grecs durant une semaine.
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Depuis toujours, le bricolage sur place est un élément majeur des convois : ce n’est pas nouveau ! Par exemple, en mars 2017, il y a 5 ans, nous avions construit un four à pain sur la terrasse du Notara 26 avec un copain boulanger venu avec nous et un sous-groupe concentré sur cet objectif aux côtés de plusieurs résidents avec lesquels nous avons échangé sur les techniques de construction puis de cuisson. Durant ce même convoi, nous avions également sécurisé les barrières de la terrasse, haute de 7 étages, qui devenaient dangereuses.
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Beaucoup d’autres choses ont été réalisées par des visiteurs solidaires : récemment, la peinture d’une nouvelle pièce magnifique pour les enfants a été lancée par deux copains également venus de l’hexagone, avec plein de dessins superbes, en faisant participer les premiers concernés.
Mais aussi, il y a 6 ans, l’enjeu était encore plus grand : il s’agissait alors de reconstruire une partie du Notara 26 détruite par l’attaque incendiaire du groupe de fascistes en pleine nuit, en août 2016 ! On ne compte pas les quantités d’enduits et de peintures utilisés dans l’immeuble squatté, entre autres.
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Toute cela permet d’aménager et d’entretenir des lieux essentiels pour le mouvement social et pour les précaires qui y sont hébergés, en particulier les exilés. Cela permet aussi de créer des petits lieux complémentaires : scènes, salles de réunions, bibliothèques sociales, cafés associatifs, centres sociaux autogérés, lieux de projections, structures autogérées de santé, etc.
En matière de bricolage, un garage solidaire autogéré vient de se monter à Athènes, à l’initiative de plusieurs camarades : General Service donne des coups de main tout en bossant aussi conventionnellement pour rentrer quelques sous. Plusieurs véhicules du convoi ont eu droit à une petite visite sympa. L’une des nombreuses façons de nous remercier (à l’instar de pots, de tournées, de pain au feu de bois, de tablées, de messages, de chansons…).
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On le sait bien, parmi celles et ceux qui luttent, pas besoin de merci quand il s’agit d’entraide. Nous ne sommes pas dans un rapport de charité mais de solidarité : d’égal à égal, selon un principe parfaitement évoqué dans le livre de Kropotkine « L’entraide », sans rien attendre en retour excepté le développement général de ce principe de vie commune pour le bien de toutes et tous. L’humanité est une grande famille dans laquelle, malheureusement, quelques sérials killers suivis par des abrutis essaient de nous diviser. La Terre toute entière est notre maison, du squat le plus proche à la ZAD la plus éloignée. Les animaux et végétaux sont sur le même Titanic que nous et c’est la vie toute entière que nous tentons de sauver et de libérer. Il n’y a d’étrangers sur Terre que ceux qui prétendent nous commander et nous punir. Ceux là n’ont rien à faire parmi nous : puisqu’ils rêvent de partir sur une autre planète, qu’ils y aillent le plus tôt possible avec leurs casquettes de chefs et de sous-chefs.
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Entre nous, pas besoin de merci, mais on ne peut pas s’empêcher de vous le dire, à notre tour : un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à la préparation de ce convoi, d’une façon ou d’une autre, de notre part et de la part de toutes celles et ceux qu’on a rencontrés. Et à demain pour le dernier épisode de ce compte-rendu qui, cette fois, concernera « la cause des enfants » !
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Tous les épisodes :
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1 – POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ?
(préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)
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2 – AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE
Le squat Notara 26 à bout de bras ! Une maman et son bébé sans abri recueillis sous la neige ! L’arrivée d’enfants d’anarchistes ukrainiens ! L’accueil chaleureux des afghans près d’Héraklion !
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3- L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES
Une histoire insolite et formidable
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4- UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT
Des anciens professionnels de santé sont partis avec nous pour épauler les structures autogérées de santé. Des camarades frappés par des maladies graves reçoivent une aide complémentaire.
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5- LE CŒUR D’EXARCHEIA BAT ENCORE
Le K*Vox fête ses 10 ans, Rouvikonas résiste toujours et le quartier descend dans la rue contre la répression et la gentrification !
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6- DES ACTIONS UN PEU PARTOUT EN GRÈCE
Notre soutien concerne également des squats qui sont loin d’Athènes, des collectifs de Patras à Thessalonique, des ouvriers en lutte comme les dockers du Pirée en grève contre la firme Cosco, des victimes précaires d’un séisme en Crète, etc.
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7- DES LUTTES ENVIRONNEMENTALES À LA CROISÉE DES CHEMINS
La firme française Total renonce à ses forages pétroliers en Crète !!! La construction du nouvel aéroport de Kastelli est au point mort !! Un nouveau front de résistance vient de s’ouvrir, cette fois au sud de l’île depuis ce dimanche 15 mai, contre un immense projet hôtelier dans un site naturel magnifique…
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8- SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES : LE PARI RÉUSSI DES INITIATIVES SOLIDAIRES AUTOGÉRÉES EN GRÈCE !
Des paysans crétois en lutte (contre des firmes françaises) fournissent en fruits, légumes et huile d’olive les lieux autogérés et solidaires des grandes villes pour les précaires grecs et migrants. Une grande serre autogérée dans la banlieue d’Athènes rejoint la lutte pour l’autonomie. Mais aussi : jardins partagés, création de composteurs, permaculture, extension des espaces de gratuité et d’horizontalité, prêt de vélos, mise en commun d’outillage…
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9- LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE
L’enjeu : nourrir des milliers de précaires (grecs et migrants) dans l’entraide, sans l’aide du pouvoir ni de ses valets !
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10- UN CONVOI SOLIDAIRE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX
On n’a pas chômé durant 3 mois : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie. Naissance d’un garage solidaire autogéré !
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11- LA CAUSE DES ENFANTS : PÉDAGOGIE FREINET, BIBLIOTHÈQUES SOCIALES, JEUX…
Parce que la société autoritaire et inégalitaire frappe aussi les enfants, nous avons participé au développement de bibliothèques sociales, de ludothèques autogérées, de cours gratuits de langues, de la philosophie avec les enfants, de la pédagogie Freinet et d’autres outils coopératifs de prise de conscience et d’émancipation dès le plus jeune âge.
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Faites passer ! Transmettez au moins la nouvelle à toutes celles et ceux qui ont participé !
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PS :
Si vous voulez (et pouvez) contribuer, nous n’avons plus de fond d’urgence en ce moment alors que c’est indispensable et une dizaine de nos lieux et collectifs n’ont pas encore pu être soutenus faute de moyens suffisants durant le convoi. Trois possibilités :
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1- Effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730 BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
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2- Suivre ce lien PAYPAL :
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3- Envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80
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(une liste complète des lieux récemment aidés se trouve parmi les images)