8/11 Soutenir les paysans en lutte tout en nourrissant les précaires

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Voici la suite du compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Le convoi le plus long ! Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes contre l’adversité et la résignation.
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HUITIÈME ÉPISODE (SUR 11) : SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES, LE PARI RÉUSSI DES INITIATIVES SOLIDAIRES AUTOGÉRÉES EN GRÈCE ! ✊❤️
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⤵️ Épisodes précédents et suivants : voir tout en bas ⤵️
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Depuis quelques années, nous essayons de compléter nos livraisons d’aliments secs et de conserves avec des aliments frais achetés sur place, ainsi que de l’huile d’olive. Pour cela, nous avons développé des liens avec des paysans en lutte, notamment des Crétois opposés à la construction de l’aéroport de Kastelli (voir au milieu du film L’Amour et la Révolution), mais aussi à l’implantation d’éoliennes géantes sans concertation qui permettent à des firmes titanesques de prendre le contrôle de collines entières, de sources ancestrales, de vallons splendides et qui vont jusqu’à interdire l’accès des montagnes aux bergers et aux promeneurs dans plusieurs zones dites « sensibles » en Crète (voir au début du film Je lutte donc je suis, tous ces films sont bien sûr gratuits sur internet).
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D’autres paysans avec lesquels nous avons construit ces liens sont un peu moins impliqués dans ces luttes, mais proposent au moins un maraîchage différent, sans les poisons de Bayer/Monsanto et sans arrosage disproportionné (à l’inverse d’autres agriculteurs qui visent la productivité à tout prix et qui vont jusqu’à arroser en plein jour leurs terres épuisées par l’absence de rotation et qui suivent les conseils absurdes d’ingénieurs corrompus).
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Sur les conseils de plusieurs collectifs, à Athènes et ailleurs, nous avons également trouvé des producteurs complémentaires dans différents domaines qui méritent pareillement notre soutien. Nous achetons plusieurs quintaux ou tonnes de fruits, légumes et huile d’olive, et parfois d’autres choses selon les circonstances. Cela permet de fournir intelligemment les initiatives solidaires autogérées : des collectifs formidables qui nourrissent gratuitement un grand nombre de précaires grecs et migrants, sans subvention de l’État ni don d’entreprises, car nous refusons que les incendiaires au pouvoir poussent l’imposture à jouer le rôle de pompiers.
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Grâce aux soutiens financiers que nous recevons, nous parvenons à acheter directement plusieurs tonnes d’aliments qui n’encombrent pas nos fourgons déjà chargés durant les voyages depuis la France, la Belgique ou la Suisse. Cela permet aussi de diversifier l’alimentation en apportant un peu de frais de temps en temps (souvent une demi-tonne par lieu, voir plus). Ces arrivages sont très attendus et provoquent une joie palpable chez ces précaires qui ne vivent bien souvent que de riz ou de pâtes, et de ce que certains trouvent dans les poubelles et dans les cagettes de fruits et légumes abimés à la fin des marchés.
Certains de ces producteurs tiennent parfois à nous offrir une partie du chargement, par exemple des oranges en hiver ou des pastèques en été, qui ne coûtent pas très cher et sont produites en grande quantité. Par contre, pour le reste, nous tenons à acheter l’essentiel à un prix raisonnable car nous tenons à soutenir les paysans en lutte et non pas rendre leur situation plus difficile par trop de dons ou des prix trop bas.
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La question de l’autonomie alimentaire se pose également pour nos lieux. Dans plusieurs régions de Grèce, des collectifs ont acheté un peu de terre pour la cultiver. Même à Athènes, dans la banlieue nord, un ensemble de serres vitrées abandonné est squatté depuis plusieurs années pour produire des aliments nécessaires au réseau de luttes athénien. L’occupation du jardin botanique à Petroupoli vise l’objectif de fournir plusieurs cuisines solidaires autogérées. Pour l’instant, la production reste modeste et expérimentale, mais l’idée fait son chemin et donne envie à d’autres de faire pareil dans d’autres quartiers de la capitale. Quelques descriptions et entretiens-vidéos à ce sujet seront dévoilés dans le prochain film « Nous n’avons pas peur des ruines » cet automne.
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En Crète, comme dans d’autres régions de Grèce, les nouvelles initiatives et petits lieux ruraux questionnent un autre rapport à la terre (développement de différents types de composteurs et de la permaculture, rencontres pour échanger pratiques et semences rustiques, mobilisations contre les poisons phytosanitaires, recherche d’associations de plantes et d’arbustes pour adoucir l’ensoleillement et limiter certaines maladies, paillages divers, jardins partagés, etc.). Les prêts de vélos sont également de plus en plus nombreux, tant pour aider les précaires que pour réduire les dégâts du tout-bagnole, ainsi que la mise en commun d’outillage ou encore de matériel de puériculture (car il est absurde de stocker chacun en permanence des montagnes d’objets dont nous n’avons besoin que rarement ou sur une courte période de notre existence). Tout cela permet aussi de sortir autant que possible du système marchand, notamment avec des lieux totalement gratuits durant leurs ouvertures, que ce soit pour des concerts, des conférences, des projections, des animations… Multiplier les espaces de gratuité et apprendre à vivre ensemble autrement, dans l’entraide et la coopération, nous semble l’un des grands enjeux de notre époque, en complément des résistances face aux offensives du capitalisme.
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Bref, nous vivons depuis environ 5 ans une nouvelle étape dans notre synergie avec les initiatives solidaires autogérées en Grèce. Et cette étape est de plus en plus encourageante, inventive, prometteuse et fertile. Preuve, une fois de plus, que rien n’est fini et qu’il ne faut pas baisser les bras.
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Toutes ces actions ne sont peut-être pas grand-chose face à l’ampleur du désastre, mais elles encouragent à poursuivre nos luttes qui convergent toutes vers un même but : prendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble, par-delà nos différences.
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Encore merci à toutes celles et ceux qui ont participé à la préparation de ce convoi, d’une façon ou d’une autre. Et à demain pour la suite !
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Tous les épisodes :
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1 – POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ?
(préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)
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2 – AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE
Le squat Notara 26 à bout de bras ! Une maman et son bébé sans abri recueillis sous la neige ! L’arrivée d’enfants d’anarchistes ukrainiens ! L’accueil chaleureux des afghans près d’Héraklion !
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3- L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES
Une histoire insolite et formidable
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4- UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT
Des anciens professionnels de santé sont partis avec nous pour épauler les structures autogérées de santé. Des camarades frappés par des maladies graves reçoivent une aide complémentaire.
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5- LE CŒUR D’EXARCHEIA BAT ENCORE
Le K*Vox fête ses 10 ans, Rouvikonas résiste toujours et le quartier descend dans la rue contre la répression et la gentrification !
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6- DES ACTIONS UN PEU PARTOUT EN GRÈCE
Notre soutien concerne également des squats qui sont loin d’Athènes, des collectifs de Patras à Thessalonique, des ouvriers en lutte comme les dockers du Pirée en grève contre la firme Cosco, des victimes précaires d’un séisme en Crète, etc.
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7- DES LUTTES ENVIRONNEMENTALES À LA CROISÉE DES CHEMINS
La firme française Total renonce à ses forages pétroliers en Crète !!! La construction du nouvel aéroport de Kastelli est au point mort !! Un nouveau front de résistance vient de s’ouvrir, cette fois au sud de l’île depuis ce dimanche 15 mai, contre un immense projet hôtelier dans un site naturel magnifique…
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8- SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES : LE PARI RÉUSSI DES INITIATIVES SOLIDAIRES AUTOGÉRÉES EN GRÈCE !
Des paysans crétois en lutte (contre des firmes françaises) fournissent en fruits, légumes et huile d’olive les lieux autogérés et solidaires des grandes villes pour les précaires grecs et migrants. Une grande serre autogérée dans la banlieue d’Athènes rejoint la lutte pour l’autonomie. Mais aussi : jardins partagés, création de composteurs, permaculture, extension des espaces de gratuité et d’horizontalité, prêt de vélos, mise en commun d’outillage…
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9- LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE
L’enjeu : nourrir des milliers de précaires (grecs et migrants) dans l’entraide, sans l’aide du pouvoir ni de ses valets !
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10- UN CONVOI SOLIDAIRE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX
On n’a pas chômé durant 3 mois : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie. Naissance d’un garage solidaire autogéré !
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11- LA CAUSE DES ENFANTS : PÉDAGOGIE FREINET, BIBLIOTHÈQUES SOCIALES, JEUX…
Parce que la société autoritaire et inégalitaire frappe aussi les enfants, nous avons participé au développement de bibliothèques sociales, de ludothèques autogérées, de cours gratuits de langues, de la philosophie avec les enfants, de la pédagogie Freinet et d’autres outils coopératifs de prise de conscience et d’émancipation dès le plus jeune âge.
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Faites passer ! Transmettez au moins la nouvelle à toutes celles et ceux qui ont participé !
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PS :
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Si vous voulez (et pouvez) contribuer, nous n’avons plus de fond d’urgence en ce moment alors que c’est indispensable et une dizaine de nos lieux et collectifs n’ont pas encore pu être soutenus faute de moyens suffisants durant le convoi. Trois possibilités :
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1- Effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730 BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
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2- Suivre ce lien PAYPAL :
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3- Envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80
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(une liste complète des lieux récemment aidés se trouve parmi les images du premier épisode)
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