9/11 La cuisine solidaire de Chania et le réseau SODAA dans l’Attique

Voici la suite du compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Le convoi le plus long ! Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes contre l’adversité et la résignation.
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NEUVIÈME ÉPISODE (SUR 11) : LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE ✊❤️
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⤵️ Épisodes précédents et suivants : voir tout en bas ⤵️
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Comme il le fait dans d’autres domaines, comme la santé par exemple, le mouvement social est très actif en Grèce pour nourrir les nombreux précaires grecs et migrants. Il fait la démonstration que l’entraide dans l’autogestion et l’horizontalité, ça fonctionne !
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De Athènes à Thessalonique jusque dans les îles, des centaines de camarades et compagnons de luttes se démènent pour mettre en pratique nos théories sur une autre façon de s’organiser pour nous rapprocher authentiquement de la devise Liberté-Égalité-Fraternité (ou plutôt Adelphité) qui, en réalité, correspond beaucoup à ce que nous faisons concrètement qu’aux promesses illusoires d’une société autoritaire et capitaliste fondée sur la compétition, l’égoïsme et la violence. En effet, il est totalement vain de croire qu’un système basé sur la domination et l’exploitation puisse nous rapprocher tôt ou tard du triptique qu’il grave hypocritement sur les monuments publics. La concorde et l’harmonie ne passeront que par la liberté authentique, l’égalité réelle et la fraternité (adelphité) universelle et non pas au moyen d’un ordre autoritaire et inégalitaire. Voilà pourquoi il est absolument indispensable de ne pas seulement écrire et discuter, mais aussi agir concrètement et immédiatement, en montrant dans les faits la société qu’on désire et en prouvant ainsi qu’elle est possible, désirable, à portée de main.
À Chania, deuxième ville de Crète, la Maison des migrants (Steki metanaston) propose de nombreuses activités, parmi lesquelles une cuisine collective solidaire, au minimum tous les dimanches. De nombreux collectifs autogérés de la ville viennent y participer, ensemble ou à tour de rôle pour se relayer régulièrement et ne pas s’épuiser à côté des actions de résistance ou encore de la vie interne des squats dont le principal est le grand squat historique Rosa Nera.
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Le convoi solidaire est bien sûr passé par là (à deux reprises en mars et avril) pour renforcer les stocks de nourriture et de produits d’hygiène, sans oublier quelques jouets et des vélos (et un soutien financier transmis à l’assemblée, comme partout ailleurs). Dans la Maison des migrants, il y a aussi une zone de gratuité avec des vêtements, des jeux et d’autres choses utiles, qui ouvre au minimum les vendredis et samedis. La plus grande salle est en deux parties, décorée aux couleurs de l’Afrique et du Chiapas en lutte. À l’extérieur, les tags antifas et libertaires sont nombreux dans les rues alentours.
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« La solidarité est notre arme »

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La plus grande salle est en deux parties, décorée aux couleurs de l’Afrique et du Chiapas en lutte.

L’affichage pour les touristes ne s’applique malheureusement pas aux migrants.

 

Un peu partout dans les rues d’Athènes.

« La solidarité est notre arme »

Autre exemple magnifique de cet équilibre nécessaire entre résistance et solidarité : le réseau SODAA dans la région d’Athènes (une région qu’on nomme l’Attique, avec principalement Athènes et le Pirée). SODAA signifie Coordination des Structures et Collectifs Autogérés de l’Attique. Ce réseau est né du désir des principales structures autogérées de se rapprocher, de mettre en commun leurs moyens et en synergie leurs actions. Du côté d’Anepos, nous avons applaudi à cette naissance il y a quelques mois, tant les divisions, en Grèce comme en France, font parfois de mal aux mouvements sociaux et éloignent les personnes hésitantes qui désespèrent de voir les organisations incapables de convergences de luttes. Pour le dire autrement : 1+1=3.
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Plus nous saurons nous rassembler sur des projets précis — sans effacer nos différences ni renoncer à d’autres moments où nous avons besoin de retourner un peu dans nos groupes respectifs —, plus nous irons loin tous ensemble dans l’essor d’un mouvement social puissant capable d’accueillir les bonnes volontés et de remotiver les désespérés. C’est tout simplement logique et indispensable.
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Montrer la société que nous désirons, c’est montrer un mouvement social capable de discuter sereinement de ses désaccords internes, dans le respect des différences, en apprenant à regarder d’abord ce que nous avons en commun et ce que nous pouvons réussir à faire ensemble — même si ce n’est pas tout à fait ce que nous aurions préféré les uns ou les autres. C’est bâtir des ponts sur les divisions du passé, dans le mouvement social comme dans la société tout entière où beaucoup de gens naïfs et conditionnés sont systématiquement dressés les uns contre les autres par un pouvoir qui cherche à diviser pour mieux régner. C’est avoir la force et la sagesse de porter à bout de bras des projets dans des périodes difficiles et de ne pas en vouloir à celles et ceux qui sont moins disponibles un temps, puis finissent par revenir dans une joie partagée.
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SODAA c’est tout ça et c’est formidable ! Pas de relation avec les pouvoirs politiques et financiers qui nous maltraitent avec violence et hypocrisie : uniquement de l’entraide dans la base sociale, à l’intérieur de la Grèce et par-delà les frontières, notamment à chaque convoi. De janvier à mai, nous avons livré trois fois SODAA avec des fourgons venant de France et Belgique, et deux fois avec des fourgons de retour de Crète avec des chargements de fruits, légumes et huile d’olive (voir les photos et l’épisode précédent « Soutenir les paysans en lutte tout en nourrissant les précaires »).
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À Athènes, une dizaine de structures et collectifs participent au SODAA parmi lesquels le K*Vox à Exarcheia. Une cuisine collective quotidienne s’est organisée sur place, dans ce squat historique qui vient de fêter ses dix ans, en synergie avec d’autres cuisines solidaires du quartier et des environs. Plus que jamais, des liens se nouent entre celles et ceux qui luttent… et ça du bien à tout le monde de voir ça, à commencer par les précaires grecs et migrants qui viennent se nourrir sans l’aide de l’État ni des ONG. Juste la base sociale en mouvement, tournée en son sein vers celles et ceux qui souffrent le plus et qui, par conséquent, comprennent mieux quel est leur intérêt de classe et qui sont leurs vrais amis.
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Nous vivons à une époque si complexe et si confuse que les mots ne suffisent plus. Des mots que nous vole souvent le pouvoir. Des paroles qui s’envolent, des discussions qui s’éternisent, des débats pour des virgules qui éloignent de l’action et de sa capacité à unir. Oui, c’est dans l’action qu’on se rencontre vraiment, qu’on apprend à se connaître, à se comprendre, à s’aimer. La lutte est une histoire d’amour. L’amour de l’utopie en chemin. L’amour de tout ce que nous voulons sauver et libérer. L’amour de la vie.
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Encore merci à toutes celles et ceux qui ont participé à la préparation de ce convoi, d’une façon ou d’une autre. Et à demain pour la suite !
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Tous les épisodes :
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1 – POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ?
(préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)
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2 – AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE
Le squat Notara 26 à bout de bras ! Une maman et son bébé sans abri recueillis sous la neige ! L’arrivée d’enfants d’anarchistes ukrainiens ! L’accueil chaleureux des afghans près d’Héraklion !
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3- L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES
Une histoire insolite et formidable
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4- UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT
Des anciens professionnels de santé sont partis avec nous pour épauler les structures autogérées de santé. Des camarades frappés par des maladies graves reçoivent une aide complémentaire.
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5- LE CŒUR D’EXARCHEIA BAT ENCORE
Le K*Vox fête ses 10 ans, Rouvikonas résiste toujours et le quartier descend dans la rue contre la répression et la gentrification !
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6- DES ACTIONS UN PEU PARTOUT EN GRÈCE
Notre soutien concerne également des squats qui sont loin d’Athènes, des collectifs de Patras à Thessalonique, des ouvriers en lutte comme les dockers du Pirée en grève contre la firme Cosco, des victimes précaires d’un séisme en Crète, etc.
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7- DES LUTTES ENVIRONNEMENTALES À LA CROISÉE DES CHEMINS
La firme française Total renonce à ses forages pétroliers en Crète !!! La construction du nouvel aéroport de Kastelli est au point mort !! Un nouveau front de résistance vient de s’ouvrir, cette fois au sud de l’île depuis ce dimanche 15 mai, contre un immense projet hôtelier dans un site naturel magnifique…
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8- SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES : LE PARI RÉUSSI DES INITIATIVES SOLIDAIRES AUTOGÉRÉES EN GRÈCE !
Des paysans crétois en lutte (contre des firmes françaises) fournissent en fruits, légumes et huile d’olive les lieux autogérés et solidaires des grandes villes pour les précaires grecs et migrants. Une grande serre autogérée dans la banlieue d’Athènes rejoint la lutte pour l’autonomie. Mais aussi : jardins partagés, création de composteurs, permaculture, extension des espaces de gratuité et d’horizontalité, prêt de vélos, mise en commun d’outillage…
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9- LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE
L’enjeu : nourrir des milliers de précaires (grecs et migrants) dans l’entraide, sans l’aide du pouvoir ni de ses valets !
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10- UN CONVOI SOLIDAIRE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX
On n’a pas chômé durant 3 mois : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie. Naissance d’un garage solidaire autogéré !
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11- LA CAUSE DES ENFANTS : PÉDAGOGIE FREINET, BIBLIOTHÈQUES SOCIALES, JEUX…
Parce que la société autoritaire et inégalitaire frappe aussi les enfants, nous avons participé au développement de bibliothèques sociales, de ludothèques autogérées, de cours gratuits de langues, de la philosophie avec les enfants, de la pédagogie Freinet et d’autres outils coopératifs de prise de conscience et d’émancipation dès le plus jeune âge.
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Faites passer ! Transmettez au moins la nouvelle à toutes celles et ceux qui ont participé !
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PS :
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Si vous voulez (et pouvez) contribuer, nous n’avons plus de fond d’urgence en ce moment alors que c’est indispensable et une dizaine de nos lieux et collectifs n’ont pas encore pu être soutenus faute de moyens suffisants durant le convoi. Trois possibilités :
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1- Effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730 BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
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2- Suivre ce lien PAYPAL :
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3- Envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80
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(une liste complète des lieux récemment aidés se trouve parmi les images)