7/11 Bonnes nouvelles des luttes en Crète

Suite du compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes. Ce septième épisode (sur 11) concerne les luttes environnementales avec deux bonnes nouvelles :

LA FIRME FRANÇAISE TOTAL RENONCE À SES FORAGES PÉTROLIERS EN CRÈTE !!!
+ LA CONSTRUCTION DU NOUVEL AÉROPORT DE KASTELLI EST AU POINT MORT !! ✊❤️
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⤵️ Épisodes précédents et suivants : voir tout en bas ⤵️
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Au terme de plusieurs années de mobilisations et de résistances, le géant pétrolier français Total vient de lâcher prise et de renoncer officiellement à sa concession au sud et à l’ouest de la Crète. Très prochainement, son partenaire Exxon-Mobil va certainement faire de même, au vu de ce qui circule en interne au sein de la firme états-unienne. Pièce par pièce, le château de cartes financier du projet de forages s’écroule. Pour faire bonne figure, le premier ministre grec prétend maintenant que la Grèce va essayer de continuer toute seule malgré tout… mais c’est du flanc ! Une simple intox pour essayer de sauver la face ! Mitsotakis sait bien que la Grèce n’a ni l’argent ni les moyens techniques pour forer à des profondeurs pareilles. Car on parle de plus de 3000 mètres de profondeur, au sud de la Crète, dans une zone sismique très dangereuse.
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Total a non seulement observé l’essor du mouvement de résistance contre son projet, mais a aussi et surtout évalué le risque financier énorme en cas de saccage des plages touristiques très proches, par exemple en cas de grave séisme sous l’une de ses plateformes, ce qui aurait provoqué une marée noire. Cela lui aurait coûté très cher et la forte probabilité d’un accident a pesé dans la balance. De plus, la Crète est une terre de résistance historique et la nature splendide est toute sa richesse : c’est une île agricole et touristique aussi fragile que vindicative quand on la menace. L’opinion sur l’île était fortement opposée à ces forages. Beaucoup de touristes informés par les militants ont également exprimé leur désaccord durant l’année 2021. Par conséquent, depuis un mois, les firmes et le gouvernement commencent à reculer, étape par étape, les uns après les autres, et Mitsotakis apparait plus ridicule que jamais.
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« NON AUX FORAGES PÉTROLIERS, RÉSISTANCE »

 

« LUTTE POUR LA TERRE ET LA LIBERTÉ »

« NON AUX FORAGES PÉTROLIERS »

« DITES NON AUX FORAGES PÉTROLIERS »

 

« FORAGES PÉTROLIERS ? NON MERCI ! »

« MITSOTAKIS VA TE FAIRE FOUTRE »

« NE VIVONS PLUS COMME DES ESCLAVES »

 

De l’autre côté de la Crète, le projet de nouvel aéroport international semble battre de l’aile, même si rien d’officiel n’a encore été publié. L’argument initial était de déplacer l’aéroport actuel d’Héraklion à 45 kilomètres de là, à côté de la petite ville de Kastelli, sur l’un des rares plateaux fertiles de l’île. Malheureusement, la résistance n’a pas réussi à mobiliser autant que contre les forages pétroliers, car le mythe du tourisme et de l’emploi a fait avaler beaucoup de couleuvres à certains, du moins au début. Au fil des mois, les habitants de Kastelli et des alentours ont pu vérifier que peu d’entre eux étaient embauchés sur le chantier (surtout des coupes d’arbres et du terrassement pour l’instant) et que les conséquences écologiques commençaient déjà à être désastreuses. Par exemple, des inondations dévastatrices ont frappé à plusieurs reprises la région aux alentours des premiers travaux. Pourquoi ? Tout simplement à cause des nombreuses coupes d’arbres (cf. photos). Plus de 140.000 arbres ont été coupés, dont une majorité d’oliviers qui produisaient une des meilleures huiles d’olive de Grèce.
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Au niveau juridique, l’État grec a essayé de retarder au maximum la procédure de Justice intentée par les opposants au projet, de façon à ce que le chantier avance au maximum pendant ce temps, un peu comme l’État français à l’époque du projet de barrage à Sivens dans le Tarn, il y a 8 ans, saccageant la zone humide du Testet au prétexte que le recours juridique n’était pas suspensif, selon lui. De plus, même si le dossier est prêt pour l’échelle suivante du recours (au niveau européen), les conclusions à l’échelle de la Grèce doivent d’abord être rendues : c’est le serpent qui se mort la queue, un piège juridique tendu par un État qui est à la fois juge et partie. À Héraklion, certains qui voyaient d’un bon œil le déménagement de l’aéroport sont déçus par le scandale du projet de substitution : non plus un parc populaire, futur poumon vert de la ville, mais une riviera de luxe complètement bétonnée et entièrement réservée au riches spéculateurs et touristes les plus fortunés. Bref, ça grogne. Du coup, les collectivités crétoises (mairie, conseil régional…) tardent à signer les papiers nécessaires pour céder cette immense terrain le long de la mer, en lieu et place de l’aéroport actuel. Résultat : la banque centrale d’investissement refuse de transmettre l’argent prévu pour la suite des travaux sans la contrepartie de ce bien immobilier de très haute valeur à l’est de la ville. Vous voulez le fric pour bâtir le nouvel aéroport à Kastelli ? Signez d’abord pour céder le terrain de l’ancien pour qu’on en fasse un business juteux. Voilà à quoi jouent les institutions financières européennes, de mèche avec les hommes d’affaires qui se frottent les mains.
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Et maintenant, où en sommes nous ? Et bien, c’est très simple : les travaux sont quasiment au point mort. Au fil des mois, les coupes d’arbres se sont ralenties au point de pratiquement s’arrêter. Les véhicules de terrassement sont très peu nombreux et presque tous stationnés. En comparant l’état du chantier et la position des véhicules à plusieurs reprises, à quelques jours d’intervalles, photos à l’appui, nous avons vérifié ce qui nous sautait aux yeux : les travaux concernant le projet d’aéroport sont comme arrêtés. Pourquoi ? Pour combien de temps ? Nul ne le sait précisément. Mais un autre facteur intervient peut-être aussi : la baisse très forte du trafic aérien depuis la pandémie, tant au niveau mondial qu’en Grèce en particulier. Cela signifie peut-être que les investissements ne seront pas aussi rentables qu’ils le paraissaient et qu’abandonner l’aéroport actuel n’est plus nécessaire vu l’évolution à la baisse du trafic dans les années à venir, pour plusieurs raisons : crise économique provoquant une diminution des vacances lointaines, crise d’approvisionnement en carburants fossiles et augmentation des coûts, progression de la prise de conscience concernant l’empreinte écologique de chacun, en particulier en prenant l’avion, etc.
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À l’heure où d’autres projets dans le monde sont abandonnés, celui de Kastelli va-t-il connaître le même sort ? Beaucoup de nos camarades sur place reste pessimistes, mais tout reste possible. Et surtout, il y a une chose qui est manifeste et vérifiable : les travaux sont quasiment au point mort depuis plus de six mois maintenant. Seule la construction de la nouvelle route de Kastelli à la côte nord avance, et encore : très lentement ! En attendant, quand nous avons besoin d’huile d’olive pour les lieux autogérés des grandes villes, nous l’achetons aux paysans en lutte contre les grands projets inutiles, comme Giorgi par exemple (cf. photo), qui a présenté cette lutte dans le film L’Amour et la Révolution (nous évoquerons cette double façon de soutenir dans le prochain épisode).
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Dernière lutte en date : l’opposition massive à des constructions hôtelières gigantesques dans la région de Plakia, au sud de l’île. Dimanche dernier (ce 15 mai), nous étions des milliers à nous mobiliser en Crète pour sauver la superbe falaise de Paligremnos des griffes des investisseurs immobiliers, formant une chaîne humaine très longue et menant d’autres actions tout autour. Les banderoles évoquaient cette prétendue croissance qui n’en est pas une puisqu’elle nous détruit à petit feu. L’un de nos compagnons de lutte a rappelé une citation que nous aimons beaucoup, tirée du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau (1755) :
« Vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne. »
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« Une gigantesque chaîne humaine pour sauver Paligremnos. »

Hommes d’affaires, investisseurs avides, industriels sans état d’âme, bétonneurs à tout bout de champ, fabricants de poisons phytosanitaires, politiciens véreux et banquiers insatiables : méfiez-vous ! La colère monte ! La révolte gronde ! Les consciences progressent ! Un peu partout sur Terre, le plus en plus d’humains comprennent que vous être en train de les assassiner et de condamner leurs enfants à un cauchemar sans précédent. Nous sommes la nature qui se défend. Nous sommes la vie qui n’a pas dit son dernier mot.
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Encore merci à toutes celles et ceux qui ont participé à la préparation de ce convoi, d’une façon ou d’une autre. Et à demain pour la suite !
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Tous les épisodes :
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1 – POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ?
(préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)
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2 – AUX CÔTÉS DES RÉFUGIÉS, AU NOTARA 26 ET AILLEURS EN GRÈCE
Le squat Notara 26 à bout de bras ! Une maman et son bébé sans abri recueillis sous la neige ! L’arrivée d’enfants d’anarchistes ukrainiens ! L’accueil chaleureux des afghans près d’Héraklion !
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3- L’ART ET LES TATOUAGES EN SOUTIEN DES LUTTES
Une histoire insolite et formidable
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4- UN SOUTIEN MÉDICAL ET SANITAIRE COMPÉTENT
Des anciens professionnels de santé sont partis avec nous pour épauler les structures autogérées de santé. Des camarades frappés par des maladies graves reçoivent une aide complémentaire.
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5- LE CŒUR D’EXARCHEIA BAT ENCORE
Le K*Vox fête ses 10 ans, Rouvikonas résiste toujours et le quartier descend dans la rue contre la répression et la gentrification !
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6- DES ACTIONS UN PEU PARTOUT EN GRÈCE
Notre soutien concerne également des squats qui sont loin d’Athènes, des collectifs de Patras à Thessalonique, des ouvriers en lutte comme les dockers du Pirée en grève contre la firme Cosco, des victimes précaires d’un séisme en Crète, etc.
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7- DES LUTTES ENVIRONNEMENTALES À LA CROISÉE DES CHEMINS
La firme française Total renonce à ses forages pétroliers en Crète !!! La construction du nouvel aéroport de Kastelli est au point mort !! Un nouveau front de résistance vient de s’ouvrir, cette fois au sud de l’île depuis ce dimanche 15 mai, contre un immense projet hôtelier dans un site naturel magnifique…
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8- SOUTENIR LES PAYSANS EN LUTTE TOUT EN NOURRISSANT LES PRÉCAIRES : LE PARI RÉUSSI DES INITIATIVES SOLIDAIRES AUTOGÉRÉES EN GRÈCE !
Des paysans crétois en lutte (contre des firmes françaises) fournissent en fruits, légumes et huile d’olive les lieux autogérés et solidaires des grandes villes pour les précaires grecs et migrants. Une grande serre autogérée dans la banlieue d’Athènes rejoint la lutte pour l’autonomie. Mais aussi : jardins partagés, création de composteurs, permaculture, extension des espaces de gratuité et d’horizontalité, prêt de vélos, mise en commun d’outillage…
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9- LA CUISINE SOLIDAIRE DE CHANIA ET LE RÉSEAU SODAA EN ATTIQUE
L’enjeu : nourrir des milliers de précaires (grecs et migrants) dans l’entraide, sans l’aide du pouvoir ni de ses valets !
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10- UN CONVOI SOLIDAIRE, C’EST AUSSI DU BRICOLAGE ET DES TRAVAUX DANS LES LIEUX
On n’a pas chômé durant 3 mois : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie. Naissance d’un garage solidaire autogéré !
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11- LA CAUSE DES ENFANTS : PÉDAGOGIE FREINET, BIBLIOTHÈQUES SOCIALES, JEUX…
Parce que la société autoritaire et inégalitaire frappe aussi les enfants, nous avons participé au développement de bibliothèques sociales, de ludothèques autogérées, de cours gratuits de langues, de la philosophie avec les enfants, de la pédagogie Freinet et d’autres outils coopératifs de prise de conscience et d’émancipation dès le plus jeune âge.
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Faites passer ! Transmettez au moins la nouvelle à toutes celles et ceux qui ont participé !
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PS :
Si vous voulez (et pouvez) contribuer, nous n’avons plus de fond d’urgence en ce moment alors que c’est indispensable et une dizaine de nos lieux et collectifs n’ont pas encore pu être soutenus faute de moyens suffisants durant le convoi. Trois possibilités :
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1- Effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730 BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
2- Suivre ce lien PAYPAL :
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3- Envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80