SUPER MÂCHÉ !

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Ça y est ! On est samedi ! Les caddies vous attendent ! Les rayons sont pleins ! Le bonheur est à portée de la main ! Préparez vos sacs isothermes, faites vos listes, rien ne va plus… c’est parti !

SUPER MÂCHÉ !

Ceinturée de béton et de bretelles grises, 
De ronds-points en boutons sur sa vieille chemise
À carreaux d’un asphalte écrasé de voitures,
Se dresse une cravate au-dessus des toitures.

Le sigle de la firme a son propre drapeau
Et tout ce qu’elle affirme est dans ses entrepôts :
Son tronc décapité régurgit vers la ville
Ses infinies dictées de réclames serviles.

Sans visage, son nom ruisselle dans les crânes ;
Et si l’esprit dit non, la bourse en filigrane
Poursuit son adultère effréné dans ce ventre,
Chaque soir d’inventaire où l’envie se fait chantre.

Haro sur les caddies et la gorge de fer,
Les barreaux-paradis roulent vers les affaires !
Digérés dans la poche au manège incessant,
Le client devient mioche et le chariot pensant !

Super mâché !

Tourne dans les rayons, butine les cagettes,
Valse le papillon au milieu des gadgets,
Tant de légèreté, d’enthousiasme et d’ardeur !
Musique veloutée et blouses des vendeurs…

Les cliniques besoins se creusent et se remplissent,
Dans le champ magicien des articles supplices.
 » Qu’importent les crédits, affichent les parois,
Dans mon antre ledit consommateur est roi ! « 

Le temple du bonheur se poursuit dans la viande,
Délice du flâneur, et les télécommandes,
Vaisselle, tire-bouchons, soleils électriques,
Lunaires baluchons dans la voûte gastrique.

Super mâché !

Enfin, le bout du monde et son sableux péage :
Une caissière blonde offre son bleu rivage,
Ses lèvres cinéma, à la foule anonyme
Sortant de l’estomac en artifice ultime.

(paroles Y.Y. / musique Cyril Gontier)