L’AFP Athènes prise la main dans le sac !
[Désintox]
L’AFP ATHÈNES PRISE LA MAIN DANS LE SAC !
On le savait déjà : l’Agence France Presse travaille partout pour le compte du pouvoir, en Grèce comme ailleurs. Cela fait des années que je vous montre ses déformations énormes de la réalité athénienne et ses mensonges par omission.
Il y a une semaine, dans un article(1), je relevais le silence total des médias du pouvoir en France sur ce qui se passe à Exarcheia. Quelques jours plus tôt, je faisais de même concernant la désinformation inique au sujet de Rouvikonas qui va parfois jusqu’au contresens.
Cette fois, c’est l’AFP Athènes qui est prise la main dans le sac. Jugez vous-mêmes :
—> alors qu’avant-hier, la presse grecque a repris les propos du premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, au sujet de l’évacuation imminente d’Exarcheia dont il confirme que c’est « la première de [ses] priorités » à obtenir « sans guerre ni effusion de sang » (« σε καμία περίπτωση πόλεμο και αιματοχυσία »).
—> alors que le ministre de l’intérieur, Michalis Chrisochoïdis, a simultanément dévoilé plus en détails le plan du gouvernement pour en finir avec la « forteresse Exarcheia » (« το άβατο των Εξαρχείων »), annonçant que le quartier est sur le point d’être « fermé par d’importantes forces de police » et encerclé par des check points pour contrôler les allées-venues des personnes et des matériaux transportés (point 1 du plan), que « les occupations vont être évacuées en plusieurs étapes » et que « la place centrale du quartier va passer sous contrôle policier permanent » (point 2 du plan), et que, si nécessaire, l’envahissement du quartier par les forces de l’État sera total et rapide (point 3 du plan), notamment en cas de forte résistance.
—> alors que les médias grecs en font des tartines à ce sujet, plus que sur la politique générale, sans oublier sur Rouvikonas, autre marotte des dépêches avec Exarcheia…
L’AFP VIENT DE PUBLIER SON BILAN DE LA SITUATION EN GRÈCE DEPUIS UN MOIS EN PASSANT TOTALEMENT SOUS SILENCE LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT CONTRE EXARCHEIA ET ROUVIKONAS !
La dépêche de l’AFP Athènes a été publiée hier à 17h00 et ne parle que de blabla parlementaire entre droite et centre-gauche, de baisse des impôts fonciers et de poursuites des privatisations, de chamailleries post-électorales pour les sièges à pourvoir à la direction des organismes publics et semi-publics. Une seule phrase évoque la suppression de l’asile universitaire, mais sans parler clairement de l’École Polytechnique et sans jamais prononcer le nom du quartier dont elle fait partie : Exarcheia.
L’AFP parle vaguement de « ramener la sécurité sur les campus » et de « parer aux troubles urbains dont les auteurs sont souvent basés dans les facultés ». Bref, de la langue de bois pur jus, digne des conférences gesticulées de Frank Lepage, de la soupe en sachet pour la presse de caniveau qui ne fait que répéter mot par mot, à longueur d’années, la bonne parole de l’AFP, c’est-à-dire celle du pouvoir qui la finance et la contrôle.
Alors que la veille, mardi 6 août, les médias grecs insistaient clairement sur un point annoncé comme la priorité du nouveau gouvernement(2), ce mercredi 7 août, l’AFP Athènes a totalement supprimé ce point de sa communication prétendument neutre et au service de l’information, au sein de sa dépêche sur le premier mois au pouvoir de Mistotakis(3).
Une fois de plus, l’AFP Athènes est prise la main dans le sac. Et bim !
Voilà pourquoi le gouvernement et les principaux dirigeants de l’économie ne sont, en réalité, qu’une partie des obstacles qui nous empêchent de changer la société. Les nombreux sous-chefs et valets qui servent le pouvoir en font également partie, à commencer par ceux dont la mission est de fabriquer l’opinion au service de la conservation du régime politique et du système économique.
On ne peut pas lutter contre le pouvoir sans lutter également contre ses antennes de propagande qui abrutissent quotidiennement la population, la détournent des vrais problèmes et taisent ou calomnient nos résistances.
Non seulement nous n’avons pas besoin d’eux pour agir, créer, informer, mais nous devons passer à l’offensive : on ne peut pas lutter contre le pouvoir en épargnant ses serviteurs les plus zélés.
Il y a 50 ans, au printemps 1968, le mouvement social appelait partout en France au boycott et l’occupation des médias du pouvoir. C’est également ce que nous prônons et faisons depuis 11 ans en Grèce(4).
Que faire ? Soutenir les médias indépendants, diffuser la contre-information de sources fiables présentes sur le terrain des luttes, mais aussi limiter les partages de liens pointant vers les médias du pouvoir en leur préférant les copies d’écran.
Pour reprendre nos vies en mains, libérons nos pensées de leurs chaînes.
Yannis Youlountas
– – – – –
(1) Exarcheia vu de France : le mensonge par occultation
http://blogyy.net/2019/08/
(2) Parmi les nombreux médias grecs qui ont diffusé cette info le 6 août :
https://
(3) Petit jeu « chasse au trésor ». Cherchez vous-même les mots « Exarcheia » et « Rouvikonas » dans la dépêche de l’AFP Athènes sur le premier mois au pouvoir de Mitsotakis :
https://
(4) Des étudiants grecs piratent le journal télévisé :
Bien sûr, Reuters ne vaut pas mieux que l’AFP, ici via Le Monde :
http://blogyy.net/2017/09/
Ou encore via 20minutes :
http://blogyy.net/2016/12/
Et beaucoup d’autres médias du pouvoir également :
http://blogyy.net/
Concernant Rouvikonas, il est à noter que les premiers mensonges nauséabonds ont été propagés par Slate le 1er février 2018, alors que nous venions de dévoiler une semaine auparavant la bande-annonce de L’Amour et la Révolution pour mieux faire connaître ce groupe de résistance en France. Un drôle de coïncidence :
http://blogyy.net/2018/02/
Idem sur la situation à l’intérieur des frontières de la France, voici un petit exemple de décodage :
http://blogyy.net/2016/03/
Alors, la situation réelle en Grèce ? http://blogyy.net/2019/07/
