Exarcheia se prépare

Mardi 16 juillet au crépuscule. Les va et vient se multiplient dans le quartier : réunions, déménagements de personnes et de matériel, protection de certaines choses et organisation de la résistance imminente à l’attaque annoncée par le nouveau gouvernement.

EXARCHEIA SE PRÉPARE

Durant la journée, nos listes d’échanges sécurisées ont chauffé pour modifier et harmoniser les horaires des réunions du soir. Par exemple, j’avais en même temps l’assemblée d’urgence de ADYE (structure autogérée de santé d’Exarcheia) et celle du squat de réfugié.es/migrant.es Notara 26, sans parler d’autres discussions préparatoires dont on ne peut pas parler ici. Heureusement, tout a été réagencé de façon à pouvoir aller partout successivement, jusqu’au bout de la nuit et les tours de garde jusqu’à l’aube.

Exarcheia semble en état de siège, en attente d’une bataille qui sera, on le sait, très difficile. Le quartier fourmille de gens qui descendent et montent partout, jusque sur les toits qui sont réputés à Exarcheia : c’est l’une des formes de résistances très utilisées par les rebelles du quartier. À chaque assaut, l’autodéfense populaire vient aussi des balcons et des terrasses, parfois reliées diversement.

Tout cela n’est pas un secret. La police sait parfaitement que, dans ce quartier, la riposte peut venir de partout et c’est bien ce qui inquiètent certains responsables de la police selon plusieurs médias : il y a ceux qui fanfaronnent déjà et ceux qui savent que ce sera dur, très dur, de mettre à genoux Exarcheia… pour quelques temps.

Pour le moment, même si la guerre est officiellement déclarée depuis le 7 juillet, nous n’avons connu que des escarmouches, quelques petits affrontements à l’est et à l’ouest du quartier, chose relativement habituelle. Un peu comme « la drôle de guerre » : on attend, on observe, on se prépare, on se pose des questions.

Des personnes plus vulnérables que d’autres sont protégées. Du matériel est mis à l’abri. Certaines choses sont déménagées. D’autres encore arrivent dans le quartier. Les soutiens affluent, venus d’ailleurs en Grèce et en Europe, ainsi que des choses très utiles pour les jours qui viennent…

Que l’État le sache : à Exarcheia comme ailleurs, « nous n’avons pas peur des ruines ». Car c’est nous qui avons tout construit sans son aide, en prouvant une fois de plus que nous sommes capables de prendre nos vies en mains. Si l’État vient à détruire, dans les jours qui viennent, ce que nous avons bâti sans lui et contre lui, qu’il sache que nous le rebâtirons à nouveau.

Une Exarcheia encore plus belle, plus rebelle, plus solidaire.

Yannis Youlountas

#N26_Resist #Exarcheia_Resist

PS : jeudi, si les hostilités n’ont pas commencé, rendez-vous à l’École Polytechnique, amphi Gkini, à 19h00.