Enfants, désertez !

Manif du 1er mai 2019 : une petite fille rebelle (recto) qui n’en reste pas moins un enfant affectueux (verso)

Dans notre société stressante et autoritaire, parmi les innombrables dominés, on oublie trop souvent ceux qui se trouvent tout en bas de la hiérarchie sociale : les enfants.

ENFANTS, DÉSERTEZ !

Des enfants qu’on rabaisse en parlant de « bas-âge » et « d’âge bête », auxquels on demande très peu leur avis, auxquels on répond souvent « pas le temps » ou « on en parlera plus tard » quand ils font part de leurs interrogations, auxquels on ne donne que rarement accès à la philosophie qui pourtant les passionne, comme si un enfant n’était pas capable de raisonner par lui-même et pour lui-même.

Des enfants épuisés par des rythmes scolaires que beaucoup d’adultes n’arriveraient pas à suivre, soumis à l’arbitraire des grandes personnes et humiliés par leurs reproches incessants, écrasés par le poids des cartables et traqués jusqu’à l’heure des devoirs à la maison, nourris de malbouffe et bombardés de publicité, abrutis par des programmes débiles et des jeux mortifères, élevés dans l’exigence de résultats et le culte de la compétition.

L’enfance est un temps volé. Un temps imposé. Un temps gâché. Car il est insensé de prétendre apprendre la vie à quelqu’un auquel on la confisque.

Adultes, arrêtez de reproduire ce qu’on vous a fait subir : fichez la paix aux mômes, laissez-les grandir à leur rythme, laissez-les respirer, s’amuser, se reposer, réfléchir et s’affirmer !

Enfants, refusez de vous taire, refusez de subir, refusez de souffrir, refusez de répéter par cœur n’importe quoi, refusez d’aller chanter La Marseillaise le 11 novembre devant un monument glorifiant le massacre de malheureux conscrits, refusez la quantité insensé de travail qu’on vous demande, refusez les punitions et, surtout, refusez qu’on vous traite comme si votre vie ne vous appartenait pas.

Ce n’est pas parce que beaucoup d’adultes ont abdiqué que vous devez faire de même.

Enfants, montrez aux adultes le chemin de la liberté : désertez !

Yannis Youlountas