Être radical, mais jamais sectaire

Gravure de Le Brun, 1727

Ni saint ni sage, ni pur ni parfait.

ÊTRE RADICAL, MAIS JAMAIS SECTAIRE

Il faudrait expliquer (et réexpliquer encore et encore) à certain.es que déterminé ne veut pas dire dogmatique et que radical ne veut pas dire sectaire. Rappelons-nous que, tou.tes autant que nous sommes, nous ne sommes pas le ou la même qu’il y a quelques années, qu’il nous a parfois fallu du temps, des lectures, des rencontres pour évoluer, et que, si à ces rencontres s’étaient substitués des rejets humiliants, nous n’aurions peut-être pas eu conscience de certaines choses.

Qui n’a jamais commis d’erreur ? Qui est parfait ? Qui est venu au monde avec les opinions qu’il a aujourd’hui ? Qui a traversé une existence absolument rectiligne ? Si nous désirons une autre société où la diversité des individus sera respectée et où l’entraide s’appliquera dans tous les domaines, essayons d’être un peu moins abrupts dans notre façon de la préparer.

Le sectarisme tout comme le dogmatisme qui l’engendre sont des signes de peur, d’incertitude profonde et inavouée, de déni de réalité et, pire encore, de volonté de pouvoir. Qui n’a pas remarqué également que les plus dogmatiques et sectaires sont souvent les plus contradictoires, à contresens de la pureté qu’ils exigent de nous ? Les exemples dans ce domaine sont innombrables, tant parmi les religieux que les politiciens, dissociant totalement les paroles et les actes, sombrant dans le ridicule ou dans le macabre.

À cela s’ajoute l’attitude offensive et menaçante de beaucoup de sectaires qui sont tentés de salir la réputation d’autrui au moindre désaccord, à la façon des fatwa religieuses et des procès staliniens. On reconnait, là encore, le sectaire à sa façon caractéristique de déformer la réalité et de tordre le coup à la vérité dans le seul but de parvenir à ses fins. Cette attitude détestable est somme toute logique puisque son raisonnement dogmatique s’est coupé du terrain des faits pour s’enfermer dans sa bulle avec nul autre objectif qu’imposer à tout prix ses préceptes. Voilà pourquoi le sectaire n’hésite pas à écarter, dissimuler et même éliminer tout obstacle factuel et conceptuel, aux antipodes de la recherche de la vérité et de la justice, au point de faire la même chose avec les personnes. Dans ce but, il va parfois jusqu’à propager parallèlement, de façon anonyme ou sous un faux nom, un flot de calomnies et de contresens qu’il sait parfaitement être faux dans le but de s’y référer ensuite pour disqualifier une idée, une personne ou un mouvement tout entier, comble de la médisance.

Être radical, très radical même, oui. Cent fois oui. La situation globale est si désastreuse que seul un changement radical pourra nous sauver et nous libérer. Se défendre et riposter autant que nécessaire, bien sûr. Avoir des convictions, agir, lutter. Mais être sectaire, jamais !

Yannis Youlountas