Quelques nouvelles de la tournée du film, de Pia, d’Exarcheia…

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Il est 2h du mat’ dans la nuit du 6 au 7 mars. Maud a repris le volant et je vous écris depuis le fourgon, sur la route entre Toulouse et Villeneuve-sur-Lot où nous arriverons au milieu de la nuit.
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Après une nouvelle soirée dans une salle pleine à craquer, au cinéma Utopia de Toulouse Borderouge (bravo Arnaud Clapier), nous avons un peu galéré avec la collecte formidable que vous nous avez transmise. Heureusement, notre ami Eric nous a sauvé en venant nous enlever le plus gros des cartons pour préparer leur acheminement vers des lieux autogérés d’Athènes et de Crète (dentifrice, lentilles, semoule, soins pour les bébés, parapharmacie, bouquins pour les bibliothèques sociales…). Au même moment, nous étions également livrés en bouquins pour la table de presse avant de reprendre la route vers la destination suivante, sur notre tour de France.
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L’heure tourne et la pluie s’abat de plus en plus fort sur le pare-brise. On avance lentement vers Villeneuve-sur-Lot où nous attend notre ami Michel, ancien libraire de la ville et compagnon de convoi qui nous a trouvé un plan pour dormir et récupérer un peu. Franchement, nous attendre jusqu’au milieu de la nuit : il faut vraiment être un ange, patient et bienveillant. Plus précisément, un ange gardien ! Car nous sommes un peu fatigants pour nos proches
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Perso, je l’avoue, je suis moi aussi un peu crevé à l’heure qu’il est, après une série de nuits très courtes et de journée bien remplies, mêlant interventions dans des collèges et trajets à gogo vers différents points de rendez-vous, avant les projections chaque soir. Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas dans la tournée. Mais qu’importe : nous sommes déterminés et les rencontres nous donnent une pêche d’enfer, surtout avec autant d’encouragements.
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Hier soir, au Ciné-Get de Revel, une douzaine de zadistes contre l’A69 nous ont fait la joie de revenir, deux mois après la première à St-Sulpice, pour revoir le film dans sa nouvelle version et nous donner des nouvelles de la lutte. La salle était enchantée. Ils ont vraiment besoin d’aide sur les différentes zones de la ZAD : de la présence surtout, et à défaut de la bouffe, du matériel, des outils… Si vous êtes dans le Tarn ou alentours pensez à elles, à eux. De notre côté, nous leur avons transmis de l’huile et des oranges de Crète, ainsi qu’un peu de raki.
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Dimanche à Perpignan, des compagnons catalans sont venus nous voir pour préparer nos prochaines rencontres à Barcelone et plus au Sud. La veille, dans le Var, il y avait des Italiens. Et cette nuit à Toulouse, nous avons été mis en relation avec des camarades en lutte au Chili… Les frontières sont de plus en plus fines et incapables de nous isoler les uns des autres. Nous savons que nos destins sont liés et que notre ennemi est commun : le vieux monde autoritaire et mortifère.
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De partout, des bonnes nouvelles nous parviennent !
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Pia est en bonne passe d’être à l’abri d’une lourde condamnation, ainsi que son équipage sur le Iuventa. C’est même certain désormais. Ce qui reste à définir par le juge qui rendra sa décision le 19 avril en Italie, c’est la légalité des actions de sauvetage et c’est très important, car ça peut faire jurisprudence à l’avenir. Autrement dit, les avocats du Iuventa ne veulent pas seulement un non-lieu pour absence de preuve concernant les accusations bidons d’avoir entretenu des liens avec les passeurs. Ils veulent une victoire pleine et totale qui puisse être également utile à toutes celles et ceux qui aident partout ailleurs !
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Vous êtes plusieurs à m’avoir écrit pour me demander où se trouve la bonne nouvelle concernant Exarcheia dans mes écrits récents. Donc, je le répète : il s’agit de la victoire contre la police et le business immobilier qui ont finalement abandonné la colline de Strefi, au milieu du quartier, il y a quelques jours. Zone reprise par le mouvement social d’Exarcheia. Tous les détails sont vers la fin de mon dernier mailing (pour celles et ceux qui sont sur ma liste de diffusion) et j’en ai également parlé ici vers la fin :
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Bref, on est en réseau, on réussit à avancer et on ne lâche pas l’affaire : ni sur la route, ni sur la mer, ni sur la colline. Pas question de renoncer. Nous nous encourageons mutuellement, par-delà les frontières.
Peu importe la pluie sur le pare-brise dans la nuit : un amour fou nous pousse à continuer jusqu’au bout. L’amour de la vie, de la liberté, de la révolution qui viendra balayer tôt ou tard ce vieux monde en ruines qui pue la mort et le fascisme à plein nez.
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Maud vous embrasse, elle aussi.
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Kalinirta (bonne nuit)
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Yannis Youlountas
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