Je n’ai pas de mot…
Je n’ai pas de mot. Pas envie de chercher un titre. Ni de choisir parmi les photos insoutenables.
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Je confirme qu’un Marocain de vingt ans a été tué par des soldats grecs en franchissant la frontière du nord-est, il y a une semaine. Pourtant, je me méfie toujours des infos qui passent par les médias turcs, je ne les relaie jamais, mais cette fois je connais le frère d’un des rescapés qui atteste les faits et qui est fortement choqué. L’un de ses compagnons de voyage est mort des suites de ses blessures, après avoir été torturé — chose de plus en plus courante aux frontières, un peu partout. Les autres survivants (un groupe de vingt jeunes) ont des cicatrices parfois très profondes, le plus souvent dans le dos et le frère de mon ami est blessé à la tête. La taille de sa cicatrice nous donne à penser que le coup avait peut-être pour but de tuer.
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Thanassis Plevris, nouveau ministre de Mitsotakis et transfuge de l’extrême-droite, proclamait il y a quelques années : « La garde des frontières ne peut pas se faire sans pertes. Pour que je me fasse bien comprendre : elle ne peut pas se faire sans qu’il y ait des morts ! »
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Il semble que dans une Europe toujours plus raciste, abrutie par la surenchère médiatique et effrayée par la théorie fumeuse du grand remplacement, les soldats se préparent déjà à l’ordre de tuer.
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Yannis Youlountas