Avoir confiance en nous-mêmes
Michel Onfray vient d’affirmer dans un torchon d’extrême-droite : « L’homme est un loup pour l’homme… C’est Thomas Hobbes qui a raison, pas Jean-Jacques Rousseau qui est le péché mortel de notre civilisation » (Valeurs Actuelles, 11/01/2020).
AVOIR CONFIANCE EN NOUS-MÊMES
Non, l’homme n’est pas condamné à être « un loup pour l’homme ». Nous pouvons nous organiser autrement, nous entraider et révéler le meilleur de nous-mêmes.
Non, bien sûr, s’il existe un « péché mortel de notre civilisation », c’est précisément celui d’avoir bâti une société autoritaire et inégalitaire fondée sur la sécurité civile et l’arbitrage des puissants, au prétexte que l’homme serait « un loup pour l’homme ».
C’est pourquoi il est insensé de prétendre préserver l’homme de la violence dans une société où, partout, sévissent la domination et l’exploitation. Il est insensé de prétendre préserver l’homme de sa férocité dans une société féroce.
Si Jean-Jacques Rousseau a certes commis des erreurs, dans sa vie comme dans sa pensée politique — mais qui n’en a pas fait ? — il ne mérite certainement pas d’être qualifié de « péché mortel de notre civilisation », alors que d’autres, parmi lesquels Thomas Hobbes, ont célébré le pouvoir et ses ravages comme une absolue nécessité.
À trop accorder des entretiens à la presse fasciste, on finit par défendre la pierre angulaire de son postulat : la prétendue nécessité d’un pouvoir fort, alors que l’urgence est plus que jamais à détruire le pouvoir et à bâtir une société libertaire, égalitaire et fraternelle.
L’urgence est à contredire les aigris qui répètent sans cesse que nous sommes des incapables, déterminés dans la férocité et l’égoïsme, et trouver assez de confiance en nous-mêmes pour préparer ensemble la révolution sociale et libertaire qui prouvera tout le contraire.
Y.Y.
NB : désolé pour les loups, c’est la formulation de Hobbes.