Giorgos Kalaïtzidis (Rouvikonas) : « la seule façon de nous arrêter, c’est de nous tirer une balle dans la tête »
Le cofondateur du groupe Rouvikonas vient d’être libéré, en attente de son jugement lundi, et il ne mâche pas ses mots face à la répression qui se durcit en Grèce.
GIORGOS KALAÏTZIDIS (ROUVIKONAS) : « LA SEULE FAÇON DE NOUS ARRÊTER, C’EST DE NOUS TIRER UNE BALLE DANS LA TÊTE »
Voici l’intégralité de sa lettre, publiée à son retour chez lui :
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« Je viens de sortir du tribunal d’Evelpidon. Mon procès a été reporté à lundi. Je suis accusé d’être à l’origine de l’attaque du siège du SEB [MEDEF grec], au motif d’un simple message que j’ai écrit sur Facebook et qui serait soit disant explicite. Ces pratiques ne sont pas nouvelles et sont complètement insensées : on me poursuit parce que j’ai commenté une action effectuée par plusieurs membres du groupe.
Qu’importe. Il y a pire : le nouveau gouvernement et les médias racontent partout que « la tolérance avec Rouvikonas est terminée ».
J’ai deux choses à répondre :
Premièrement : il n’y a jamais eu la moindre tolérance du pouvoir à l’égard de Rouvikonas. Cette affirmation est un mythe fabriqué de toutes pièces par les médias et le parti de droite Nouvelle Démocratie. Nos centaines d’arrestations ces dernières années prouvent à elles seules le contraire.
Deuxièmement : la seule façon de nous arrêter, c’est de nous tirer UNE BALLE DANS LA TÊTE [en capitales dans le texte].
PS1 : ma détention en garde à vue m’a juste donné l’occasion de faire une pause et de me reposer un peu.
PS2 : on ne m’a même pas donné un matelas pour dormir. Sans doute est-ce mieux pour que je m’habitue au sol. »
Γιωργος Καλαϊτζίδης
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Le nouveau gouvernement veut absolument anéantir toute résistance, à Exarcheia comme ailleurs en Grèce. Et il sait que Rouvikonas est son pire ennemi.
De son côté, Rouvikonas l’a déjà montré ces derniers jours : le groupe anarchiste ne reculera pas. Pas question de céder face aux menaces, aux brimades et aux condamnations de plus en plus lourdes.
Le face à face entre l’État et les anarchistes prend une tournure nouvelle en Grèce, sous les yeux d’une population qui, bien que conditionnée par les médias du pouvoir, s’interroge de plus en plus, ne serait-ce que devant le courage et la détermination des révolutionnaires.
En écoutant discrètement ici et là, hors d’Exarcheia, j’ai entendu le pire – de véritables afficionados impatients de voir les « bêtes sauvages » mises à mort – et le meilleur – des personnes touchées de plus en plus par la persévérance et les justes revendications d’un groupe qui parle simplement et concrètement de liberté authentique, d’égalité réelle et de fraternité universelle.
Non, l’Anarchie n’est pas le chaos, le désordre ou la discorde. C’est tout le contraire. Comme le disait Élisée Reclus : «L’Anarchie est la plus haute idée de l’ordre ». Car c’est le pouvoir qui divise pour mieux régner, qui sème la discorde et qui fait de la Terre toute entière un champ de bataille.
Non, ce n’est pas Rouvikonas qui a commencé. Non, Rouvikonas n’est coupable de rien. Non, ce n’est pas Rouvikonas qui est violent, menaçant ou arrogant.
Le pouvoir est un voleur de vies. C’est dans sa nature même. Et plus on l’affronte, plus il se venge, en nous ôtant ce qui nous reste de liberté : le droit d’aller et venir, de marcher au bord de l’eau, de regarder l’horizon, de faire l’amour à l’improviste, de boire un verre entre amis ou encore de serrer dans ses bras son enfant.
Le pouvoir est la négation même de la vie. Il n’est pas seulement mortifère. Le pouvoir est la mort elle-même.
Puissent tous les tyrans et leurs valets disparaître un jour de la surface de la Terre. Puisse le souffle de la liberté gonfler suffisamment nos poumons pour parvenir à faire tomber leur château de cartes et embraser leurs chaines de papier : monnaie, titres de propriété, dettes, passeports…
Non seulement se soulever contre le pouvoir n’est pas un crime, mais c’est une nécessité absolue dans une monde que l’on sait condamné. A l’inverse, le plus terrible des crimes, c’est précisément celui de voler la vie à celles et ceux qui l’aiment et la défendent le plus.
La place du pouvoir est au cimetière, dans les catacombes de l’Histoire.
Yannis Youlountas
#Rouvikonas_resist #Exarcheia_resist
Giorgos présente Rouvikonas dans L’Amour et la Révolution :