Victoire de la droite et compte à rebours pour Exarcheia et Rouvikonas
20h30 en Grèce. La droite est de retour au pouvoir, avec la majorité absolue des sièges au parlement.
VICTOIRE DE LA DROITE ET COMPTE À REBOURS POUR EXARCHEIA ET ROUVIKONAS
Forte abstention. Tsipras balayé pour ses trahisons. Aube Dorée continue de dégringoler et parvient de justesse à avoir des sièges (3% nécessaires).
Depuis des semaines, le nouveau premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, n’a pas arrêté de dire qu’il allait « nettoyer Exarcheia en un mois ». Il a ajouté récemment que Rouvikonas allait disparaître dès le lendemain de son élection.
En effet, il va entrer en fonction dès demain. Mais que va-t-il vraiment faire et dans quel délai ?
Hier soir, sur la chaîne de télé Skaï, l’un des chefs de la police, Stavros Balaskas, s’est dit prêt à recevoir des ordres pour en finir avec « la forteresse Exarcheia » et a affirmé que « les services de renseignements connaissent absolument tous les membres de Rouvikonas » et savent tout de leur vie :
– Nous sommes prêts à agir. (…) Nous connaissons leurs noms, ce qu’ils mangent, ce qu’ils boivent, où ils dorment et ce qu’ils font le reste du temps. Ils sont, certes, très malins et connaissent bien les rouages de la Loi, mais nous savons aussi beaucoup de choses.
Question d’un journaliste :
– Et qu’est-ce que vous allez faire dans le ghetto Exarcheia ?
– Ce qu’on nous laissera faire.
Exarcheia est aux aguets, en particulier les squats de réfugiés/migrants à commencer par le Notara 26, le plus ancien, mais aussi beaucoup d’autres lieux de toutes sortes. Rouvikonas est bien sûr en première ligne avec son lieu historique, le K*Vox : en tête de liste des lettres de cachet du nouveau premier ministre.
Cela n’a pas empêché le groupe anarchiste de continuer son offensive ces derniers jours : action à l’hôpital où s’est tué une infirmière précaire, saccage d’un média nauséabond qui a propagé des propos racistes contre la défunte (qui était arménienne), attaque du bureau national des hydrocarbures qui vient de signer des concessions aux conséquences écologiques désastreuses à la société française Total et à l’américain Exxon dans la mer située à l’ouest de la Crète et dans le nord-ouest de la Grèce.
Il y a trois jours, un porte-parole du parti de droite nommé Plevris s’est filmé à l’aube sur la place Exarcheia encore déserte, en se dépêchant non sans trembler, pour annoncer en chuchotant « le grand nettoyage imminent ».
Ce matin, en allant voter, le nouveau premier ministre a été pris en photo avec un A cerclé dessiné dans son isoloir, rideau ouvert, sans s’en rendre compte. Une photo satirique qui est devenue virale dans la journée, en Grèce.
Bref, on va voir ce qu’on va voir, à Athènes comme ailleurs, sur différents lieux de luttes. On m’a prévenu que j’étais dans le collimateur moi aussi, en tant que première source de financement des principaux lieux et collectifs d’Exarcheia (avec les films et les convois solidaires) et en tant que membre de plusieurs de ces collectifs. Mais je ne m’inquiète pas. Ici, personne n’envisage de reculer ni de céder à la peur. Cela fait longtemps que nous attendions cet instant.
Nous ne sommes peut-être pas grand-chose, mais le pouvoir devrait se méfier. Nous aussi, nous sommes capables de lui réserver des surprises. De très mauvaises surprises.
Le compte à rebours commence.
Yannis Youlountas
Mise à jour 22 heures en Grèce : des affrontements viennent de commencer tout autour d’Exarcheia. Les MAT (CRS) interviennent suite au vol de deux urnes électorales par des anarchistes dans deux bureaux de vote. C’est sans doute ces deux urnes manquantes qui ont faire perdre Tsipras (blague qui tourne à cette heure-ci). Lacrymos et explosions, mais rien de bien important pour l’instant.