Mitsotakis annonce la mort de Rouvikonas pour le 8 juillet, lendemain des élections

Hier soir, le futur premier ministre de droite était en meeting à Elefsina, petite ville portuaire située au nord-ouest du Pirée. Une de ses annonces est reprise en boucle ce matin dans tous les médias :

MITSOTAKIS ANNONCE LA MORT DE ROUVIKONAS POUR LE 8 JUILLET, LENDEMAIN DES ÉLECTIONS

Bien que toujours plus de monde demande la dissolution d’Aube Dorée suite à de nouvelles agressions, le favori des élections qui se dérouleront dans dix jours a concentré toutes ses attaques contre les groupes anarchistes et anticapitalistes, à commencer par Rouvikonas.

Il n’a pas annoncé la dissolution d’Aube Dorée, mais de Rouvikonas, la présentant comme sa priorité absolue dès le premier jour de son arrivée au pouvoir.

Quasiment rien dans son discours au sujet des néo-nazis. La seule menace, selon lui, ce sont « les groupuscules qui sèment la zizanie et propagent un désir révolutionnaire dangereux pour la démocratie. »

Le candidat de la droite aux élections législatives anticipées du 7 juillet a cependant oublié quelque chose : Rouvikonas n’est pas un parti ni une association formelle, mais un collectif. Il n’a pas d’existence juridique. La seule façon de stopper les actions de Rouvikonas, c’est de jeter tous ses membres en prison, en espérant que d’autres ne prendront pas le relais.

Quoiqu’il arrive au lendemain des élections, le grain est semé. Depuis cinq ans, Rouvikonas a repris le flambeau de certaines traditions révolutionnaires trop vite oubliées : « la guerre continuelle aux institutions établies » (Malatesta, 1876), « la propagande par le fait » (Andrea Costa, 1877) et bien sûr « l’action directe » (Émile Pouget, 1904), tout en innovant, en particulier dans l’instrumentalisation géniale des médias du pouvoir et dans une stratégie juridique sur le fil du rasoir qui a rendu difficile leur incarcération.

Aujourd’hui, Rouvikonas dispose d’une aura internationale, d’un soutien par-delà les frontières et a tissé des liens avec de nombreux groupes et organisations dans le monde entier. De même pour le quartier rebelle d’Exarcheia que Mitsotakis a promis de « nettoyer en un mois » et qui se prépare à l’affrontement durant les semaines à venir.

Dernier point : il n’y a rien d’étonnant à ce que les dirigeants capitalistes ménagent ainsi leurs homologues fascistes et concentrent leur répression contre les anarchistes et les autres révolutionnaires : nous sommes leurs seuls ennemis véritables, contrairement aux fascistes qui sont leurs alliés objectifs et parfois même leurs amis, avec une même cuillère en argent dans la bouche.

Le fascisme n’est pas seulement, pour le pouvoir, le moyen de diviser pour mieux régner, de détourner la colère sur des boucs-émissaires pourtant victimes du même fléau qu’est le capitalisme, et surtout de se poser en arbitre magnanime au centre d’un spectre d’opinions intentionnellement stimulé à l’extrême-droite par ses médias de masse. Le fascisme est aussi le joker du pouvoir capitaliste en temps de crise, c’est-à-dire le stade ultime de la société autoritaire quand elle est contestée et que les fondements du capitalisme (propriété, hiérarchie, exploitation) sont menacés.

Soutien à Rouvikonas et autres groupes de la résistance anticapitaliste et libertaire en Grèce.

Mort au fascisme et au capitalisme qui le nourrit.

Yannis Youlountas

 

Compléments d’informations…
Présentation de Rouvikonas (vidéo de 10 minutes) :

Nouvelle demande de dissolution d’Aube Dorée, cette fois par les dockers du Pirée, hier, suite aux nouvelles agressions :
http://blogyy.net/2019/06/26/les-dockers-du-piree-debarquent-contre-les-nazis/
Les médias grecs à nouveau ridiculisés après avoir annoncé prématurément l’emprisonnement de Giorgos et Nikos :
http://blogyy.net/2019/06/26/medias-vs-rouvikonas-encore-rate/
Kyriakos Mitsotakis : « Je vais nettoyer Exarcheia en un mois, dès mon arrivée au pouvoir ! »

(à partir de 00:55:17)