Cinéma en smoking, cinéma en cagoule
Nous avons reçu un message de félicitations d’un notable du Festival de Cannes, suite à son échange avec des amis communs sur place, qui a tâté le terrain en s’adressant à Maud et Yannis. Voici un extrait de notre réponse collective.
CINÉMA EN SMOKING, CINÉMA EN CAGOULE
Non, la fête de la bourgeoisie cinéphile ne nous intéresse pas. Nous n’imaginons pas un seul instant faire des courbettes sur la Croisette. Nous vivons dans deux mondes diamétralement et résolument opposés.
Vos préoccupations ne sont pas les nôtres, bien au contraire. Nous détestons le pouvoir, l’argent et les honneurs. Nous n’avons rien à cirer des strapontins de l’élite cinématographique. Nous sommes définitivement irrécupérables.
Ces jours-ci, alors que notre collectif filmique donne, une fois de plus, tout ce qu’il peut pour empêcher l’emprisonnement de camarades en Grèce et pour épauler des collectifs autogérés solidaires qui luttent contre la faim et la maladie, la bourgeoisie quitte nonchalamment les paillettes de Cannes pour celles de Roland Garros, passant des films ampoulés aux ampoules des tennismen, pendant que les galériens des grands groupes retournent gaver de pop-corn et de soda les spectateurs de blockbusters pour parvenir aux objectifs imposés.
Jamais nous n’irons à Cannes nous prêter à cette mise en scène devant nos ennemis de classe. Jamais nous n’attendrons les bons ou les mauvais points des experts cravatés des salles obscures. Jamais nous n’irons à la soupe du marché des hypocrites. À la différence du grand nombre de nos amis dans le cinéma qui acceptent de faire cela par nécessité, pour exercer simplement leur métier et parvenir à en vivre dans un contexte de plus en plus difficile, nous ne vivons pas du cinéma ni pour le cinéma et ne cèderons pas un ongle de notre indépendance pour quelques euros en plus.
Que crève la bourgeoisie, celle du cinéma comme toute la bourgeoisie en général.
Maud et Yannis Youlountas
po/ Collectif artistique et solidaire Anepos
créateur des films
Ne vivons plus comme des esclaves
Je lutte donc je suis
L’Amour et la Révolution
