Derrière les mots du pouvoir

Le piège politique dans lequel nous nous trouvons se situe d’abord au niveau des mots. Dans des inversions courantes et, surtout, dans une confusion entre le pouvoir en tant que nom et en tant que verbe.

DERRIÈRE LES MOTS DU POUVOIR

Qui casse quoi ? Qui pille quoi ? Le pouvoir est un prédateur narcissique et pervers qui accuse de ses propres méfaits toutes celles et ceux qui lui résistent.

Quand nous demandons du pain et du bon sens, il nous traite d’égoïstes et d’irresponsables. Quand nous refusons sa tyrannie, Il nous accuse de ne pas être démocrates. Quand nous réagissons à sa violence, il inverse pareillement les rôles.

Non seulement, le pouvoir est le seul casseur et pilleur, mais, en plus, il fabrique des coupables à sa place qu’il punit lourdement.

Il n’y a pas de pire fléau sur Terre, pas de plus grande catastrophe qui ait frappé l’humanité, pas de plus terrible épidémie qui ne nous ait décimés par milliards depuis des millénaires que cette prétention délirante à vouloir décider pour autrui.

Nonobstant, puisque le pouvoir se joue des mots, prenons-le à son jeu : démasquons-le jusque dans sa définition même.

Le pouvoir est un nom, mais il est aussi un verbe. Et c’est là, précisément, dans la confusion entre ces deux homonymes, que se cache tout l’enjeu de notre époque : sortir enfin de la préhistoire politique de l’humanité.

Oui, le pouvoir est un nom : celui de l’autorité qui dirige, qui gouverne, qui exerce tout ou partie des droits d’une autre personne ou de toute une communauté et qui agit pour son compte. Mais pouvoir est aussi et surtout un verbe : il signifie tout simplement être en capacité de faire.

Passer du nom au verbe, tel est l’enjeu. Détruire le pouvoir en tant que rapport de domination pour libérer notre capacité à penser et à choisir nos vies.

Au terme de cette préhistoire politique qui n’a que trop duré, il est temps de sortir du vieux piège et de prendre, enfin, nos vies en mains.

Yannis Youlountas