Pressions, censure et désinformation : ça commence !

Trois semaines avant la sortie de notre film, nous assistons à un premier déploiement de contrefeux, en particulier contre Rouvikonas, et d’obstacles à notre diffusion.

PRESSIONS, CENSURE ET DÉSINFORMATION : ÇA COMMENCE !

Jusqu’ici, les médias français à la botte n’avait quasiment jamais évoqué le groupe Rouvikonas qui, pourtant, défraie régulièrement la chronique en Grèce depuis plusieurs années par ses nombreux sabotages et occupations, frappant jusqu’au sommet du pouvoir. Seule une pincée de brèves creuses et insipides étaient parues furtivement au pays de Macron, dans la veine des infos sporadiques et inquiétantes qui insistent sur le chaos alentours pour inviter à rester prudemment chez soi en se contentant de son petit confort personnel aussi modeste soit-il.

Parallèlement, les premières programmations de séances pour la sortie de notre prochain film « L’Amour et la Révolution » n’avaient essuyées, jusqu’ici, aucun refus ni la moindre difficulté, fortement soutenues par des dizaines de collectifs locaux et appuyées par les très bons résultats de nos films précédents, « Ne vivons plus comme des esclaves » et « Je lutte donc je suis ».

Mais, depuis quelques jours, précisément depuis que nous avons dévoilé la bande-annonce longue(1) du prochain film qui présente longuement la stratégie et les actions de nos compagnons de lutte de Rouvikonas — groupe que nous soutenons depuis longtemps politiquement et financièrement(2) —, voilà que ce groupe se retrouve brutalement épinglé et sali par les fleurons de la désinformation au sein de l’hexagone.

1 – ET VOILÀ QU’ON PARLE EN FRANCE DE ROUVIKONAS… POUR ASSÉNER DES MENSONGES !

Dernier en date, le journal de caniveau Slate vient subitement, avant-hier, de publier un long dossier à charge contre Rouvikonas, qui n’est en réalité qu’un copié-collé de la presse de droite grecque, traduit dans l’unique but de venir salir l’image toute nouvelle de ce groupe en France que s’apprête à diffuser notre film à l’instar de la bande-annonce.

Dès le titre : « Oubliez la troïka, voici les anarchistes de Rouvikonas », le torchon Slate ose comparer le fléau mortel qu’est la troïka en Grèce et les simples dégradations matérielles que commet le groupe Rouvikonas dans sa riposte.

Premier exemple qui en dit long : un brave notaire qui, au retour de sa énième saisie d’un logement de famille précarisée, pleurniche parce que le méchant groupe anarchiste est venu saccager son étude en représailles. Entre outre, l’article tendancieux puis mensonger fait croire que Rouvikonas ne serait composé que d’hommes, ce qui est faux.

L’article fétide commet ensuite la bassesse de comparer Rouvikonas à Aube dorée, à travers des méthodes de luttes qui seraient soit-disant similaires. A bon ? Ouvrir des squats pour les migrants et organiser des ratonnades, c’est la même chose ?

Le papier à vomir poursuit ses déblatérations en racontant sans rire que le groupe serait protégé par le gouvernement Syriza, relayant en France une rumeur diffusée en Grèce par le chef de la droite Kiriakos Mitsotakis, alors que l’un des membres du groupe (Giorgos qui intervient dans « L’Amour et la Révolution ») réunit à lui seul plus de 40 procès et risque actuellement plusieurs années de prison (s’il n’est pas déjà en taule, c’est grâce à une immense chaîne de solidarité à laquelle nous avons participé pour l’aider à payer ses cautions jusqu’ici).

Non, ce sont les membres d’Aube dorée qui échappent pour l’instant à la Justice bourgeoise, pas ceux de Rouvikonas. Le capitalisme est indulgent avec le fascisme parce qu’il n’est pas une réelle opposition, mais un moyen de détourner la colère, un épouvantail électoral, un auxiliaire de police et, si nécessaire, un joker du pouvoir en cas de crise politique grave. Mais il n’est en rien indulgent avec ses ennemis. Si Rouvikonas s’en tire plutôt bien pour l’instant, c’est uniquement du fait de sa stratégie et de toutes celles et ceux qui le soutiennent.

Entre deux détails véridiques pour donner le change et feindre la bonne foi, la loghorrée calomnieuse se poursuit en prétendant que nos compagnons de luttes seraient principalement des petits bourgeois « passés par les écoles privées des vertes banlieues du nord d’Athènes » et confortablement installés dans des situations professionnelles enviables. Encore une fake news ! En réalité, la plupart de nos compagnons et ami-e-s sont des chômeurs, des ouvriers et des précaires, et Giorgos comme beaucoup d’autres se lève tôt le matin pour aller bosser.

Tout juste bon pour la cheminée, le papier va jusqu’à affirmer que « Rouvikonas prétend représenter la classe moyenne », alors qu’au contraire, dans tous les textes de Rouvikonas, on ne parle pas seulement de luttes sociales, mais aussi de lutte de classe. Donc, là encore, la propagande lancée contre les personnages de notre nouveau film est totalement fausse.

L’article à charge se termine enfin en reprenant mot par mot tous les lieux communs de la droite grecque :
« Rouvikonas incarne à lui seul les mauvais penchants du pays : faire barrage au progrès, empêcher la Grèce de devenir un pays européen comme les autres, où les impôts peuvent être collectés régulièrement et où les fonctionnaires ne craignent pas les représailles d’un groupuscule de petites frappes lorsqu’ils se contentent de faire leur travail. »

Avant de conclure : « Le fait qu’un groupe comme Rouvikonas ait les coudées franches dans les rues d’Athènes, le fait qu’il puisse choisir ses victimes sans encombre, montre à quel point la Grèce demeure éloignée du reste de l’Union européenne et à quel point le fossé existant risque encore de se creuser. »

Tout est dit. Slate vient tout simplement de pondre un contrefeu purement politique contre un groupe qui, par sa façon d’attaquer les intérêts du capitalisme et de la société autoritaire, pourrait donner des idées à pas mal de gens en France dans les temps à venir.

Peu importe. Nous ne nous attentions pas à autre chose et, malgré notre fonctionnement à l’écart du spectacle médiatique, notre bande-annonce circule pour proposer un autre son de cloche et, bientôt, le film sortira puis sera mis en ligne.

2 – PRESSIONS ET CENSURE CONTRE « L’AMOUR ET LA RÉVOLUTION »

Jusqu’ici, tout se présentait bien. Notre printemps de projections-débats était déjà plein à craquer (les dernières dates pour avril et mai seront révélées bientôt), quasiment tous les jours, de Bayonne à Bruxelles et de Brest à Lausanne. On commençait même à programmer pour l’automne et même pour 2019.

Mais c’était sans compter sur les pressions et la censure qui, certes, avaient déjà frappé nos films par le passé, mais très rarement. Voilà que, tout à coup, cette semaine, plusieurs responsables de salles (cinés et MJC) qui avaient accepté sans réserve la demande de nos partenaires locaux ont finalement été dissuadés de programmer notre nouveau film suite à des interventions politiques de notables qui les dirigent ou les subventionnent. D’autres nous ont confié avoir subi des pressions similaires mais n’ont pas cédé. Certes, ces cas sont peu nombreux et sans grande importance vu, parallèlement, l’ampleur des demandes à traiter, mais cela montre une fois de plus la méfiance du pouvoir (où qu’il soit) à notre égard et sa volonté de nous censurer, surtout depuis une semaine.

Même chose pour Slate et les autres valets du pouvoir qui peuvent aller se rhabiller : ils ne parviendront pas à empêcher la diffusion virale de notre contre-information, à commencer par celle qui concerne leur vraie nature.

3 – LES MÉDIAS À LA BOTTE SAVENT QU’ILS VONT EN PRENDRE POUR LEUR GRADE !

Car notre prochain film est aussi un pamphlet contre les médias de masse qui y sont démontés, démasqués et tournés en ridicule. La bande-annonce(1) le montre à plusieurs reprises :
– propagande à sens unique concernant le projet d’un nouvel aéroport en Crète (4:55 à 5:50) ;
– surenchère à se tordre de rire au sujet des actions surprise du groupe Rouvikonas (7:25 à 9:30) ;
– délire haineux des chaines de télé contre le quartier d’Exarcheia à Athènes (9:30 à 12:00).

Preuve que c’est bien ça qui dérange le plus nos contradicteurs fielleux : Slate a choisi d’illustrer son article avec… la capture d’écran d’une vidéo montrant Rouvikonas en train de saccager les véhicules et le bureau d’un groupe de presse grec, connu pour ses positions racistes et austéritaires.

Voilà ce que craignent les dirigeants des médias au service du pouvoir : que de plus en plus de gens se rendent compte qu’ils font partie intégrante du problème, au même titre que ceux qui prétendent nous gouverner, et qu’ils soient pareillement dans le collimateur de la résistance en recherche de nouvelles formes de ripostes.

Une résistance qui, ni en Grèce ni en France, n’a dit son dernier mot.

Le collectif du film « L’Amour et la Révolution »

(1) La bande-annonce en question :

(2) Par exemple :
https://www.facebook.com/yyoulountas/posts/1858336981143587
Lire en particulier cet extrait :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1858328601144425&set=pcb.1858336981143587

(merci à Pierre Grandmonde de nous avoir signalé l’article de Slate)