Charlivarol

Je suis athée, je combats le cléricalisme, je n’ai aucune estime pour les religions, mais je n’admets pas qu’on se prête à des amalgames qui salissent des innocents et attisent le racisme.

CHARLIVAROL

Avec sa nouvelle couverture, Charlie mets tous les musulmans dans le même sac — à la manière de Minute et de Rivarol — et rejoint fièrement les rangs de la propagande raciste qui bat son plein depuis l’attentat de Barcelone.

Et si c’était un bombardement à Gaza, aurait-on eu droit à une tirade antisémite au lieu d’une attaque en règle contre les dirigeants d’Israël ? Et à propos de Charlottesville, étaient-ce « les chrétiens » qui ont tué Heather Heyer ? A quoi ça rime de faire des amalgames pareils ?

Que Charlie dessine tous les prophètes de la Terre, je m’en fiche. Qu’il croit ça drôle, tant mieux pour lui. Qu’il croit ça nécessaire, pourquoi pas. Le blasphème est un droit et, comme tous les droits, il ne s’use que si on ne s’en sert pas. Mais que Charlie rende tous les musulmans responsables du crime d’une poignée d’intégristes à la masse, là c’est tout à fait autre chose.

Non seulement cela s’appelle un amalgame, mais quand cet amalgame instrumentalise, de surcroit, des circonstances aussi dramatiques pour rajouter de l’huile sur le feu, cela s’appelle également de la perfidie.

Charlie n’est plus Charlie depuis longtemps. Très longtemps. Nous le savons bien et qu’importe. Libé aussi a complètement changé en 40 ans, et d’autres encore.

Mais cette fois, la vague réplique de Charlie a clairement franchit la limite qui la séparait encore de ses homologues incendiaires.

Aujourd’hui, non seulement ce n’est plus Charlie, mais c’est Charlivarol.

Yannis Youlountas