Course contre la mort entre Athènes et Kalamata
L’affaire Lambros(1), du nom du petit garçon des prisonniers politiques Pola Roupa et Nikos Maziotis, provoque un immense scandale en Grèce. L’enfant n’a toujours pas été libéré, alors même que ses parents, en grève de la faim et de la soif, risquent de mourir.
COURSE CONTRE LA MORT ENTRE ATHÈNES ET KALAMATA
Depuis deux jours, les pétitions pleuvent sur le bureau de Tsipras, dont l’une d’elle signée par de nombreux professionnels de pédiatrie. Manolis Glézos et d’autres figures historiques de la résistance multiplient les missives contre le premier ministre grec et ont tenté, sans succès, de pénétrer dans l’hôpital où est encore confiné l’enfant. L’opposition de gauche au gouvernement Tsipras dénonce « une action honteuse de plus » à son actif. Le mouvement social dans son entier proteste. Les anarchistes et révolutionnaires sont révoltés. Les rassemblements de soutien se multiplient, partout dans le pays, notamment devant les bureaux de Syriza, une fois de plus conspués et endommagés Les tags et bannières se répandent comme une trainée de poudre, d’heure en heure.
Sous pression, Tsipras et son ministre de la Justice viennent encore de se réunir avec leurs conseillers et en contact avec la juge Nikolou, responsable du dossier, alors qu’un nouveau rassemblement de protestation est annoncé pour 16h ce dimanche, devant l’hôpital où est encore enfermé l’enfant de Pola Roupa et Nikos Maziotis.
Devant cette immense levée de bouclier et le risque que meurent les parents du petit garçon, l’État a commencé à lâcher : la mère et la sœur de Pola ont finalement pu rencontrer, hier soir très brièvement, le petit Lambros, dans une salle ultra-surveillée de l’hôpital Sofia d’Athènes, mais n’ont pas pu repartir avec lui. Parallèlement, une course contre la montre a également commencé, entre Athènes et Kalamata, pour montrer à un groupe d’enquêteurs sociaux la maison où vivent les deux femmes et que rejoindrait éventuellement le petit Lambros, à 240km de la capitale, dans le sud du Péloponèse.
Lambros n’étant toujours pas libéré, ses parents ont décidé de poursuivre leur grève de la faim et de la soif, rejoint par leur amie et camarade Constantina Athanasopoulou, 25 ans, arrêtée en même temps que Pola et son fils. Le bras de fer se durçit.
Le temps presse. Pola et Constantina viennent d’être transférées sous haute-surveillance à l’hôpital Sotiria, suite à la rapide dégradation leur état de santé. Leur avocat, Fragkiskos Ragkousi, évoque un risque imminent et irréversible.
Tsipras et ses valets avaient déjà du sang et des larmes sur les mains, au fil des plans d’austérité. Mais, cette fois, c’est en pleine lumière qu’ils ont la vie de trois personnes sur leur bureau.
Une fois de plus, la colère gronde en Grèce. Une fois de plus, dans la diversité de ceux qui luttent, le pouvoir tremble sous les broncas. Une fois de plus, Tsipras se retrouve face à son beau miroir, dans son Palais Maxímou.
La décision ne devrait pas tarder à tomber : l’État va bientôt lâcher et la juge Nikolou va probablement annoncer la libération de l’enfant en faveur de sa famille maternelle à Kalamata.
En attendant, les heures sont longues et le compte à rebours mortifère se poursuit.
Yannis Youlountas
https://www.youtube.com/watch?v=b9DsWSgkLTc
(1) http://blogyy.net/…/01/07/lambros-6-ans-otage-de-letat-grec/
ou https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1701580443485909&set=a.1386628864981070.1073741828.100009019095596