Lambros 6 ans, otage de l’État grec

L’État grec refuse de libérer leur fils de six ans !

SOLIDARITÉ AVEC LES ANARCHISTES POLA ROUPA ET NIKOS MAZIOTIS, PRISONNIERS POLITIQUES EN GRÈVE DE LA FAIM ET DE LA SOIF À ATHÈNES

Pola était recherchée depuis quatre ans pour des attaques contre le bureau du FMI en Grèce, l’ambassade américaine, l’annexe de la BCE, le bureau de l’Agence France Presse et le siège de la banque nationale de Grèce (entre autres), avec l’organisation anarchiste Lutte Révolutionnaire. Elle vivait dans la clandestinité. Elle a été arrêtée avant-hier par la police grecque dans une maison au sud d’Athènes, avec son fils et trois autres personnes.

Son compagnon Nikos était déjà en prison de longue date. Il est, depuis plusieurs années, l’un des symboles de la résistance révolutionnaire en Grèce (avec d’autres prisonniers politiques comme Nikos Romanos) et de la violence de l’État grec à l’égard de ses ennemis : mauvais traitement, torture, harcèlement, chantage sur les familles, isolement, etc.

Tsipras ou pas Tsipras : rien n’a changé dans ce domaine. Son soutien bidon à Nikos Romanos pendant sa grève de la faim (novembre-décembre 2014), peu avant l’élection du 25 janvier 2015, a finalement abouti à la décision de ne pas libérer les prisonniers politiques. Le prétexte courant 2015 ? Tsipras disait qu’une amnistie conduirait à la sortie de prison des néo-nazis responsables de l’assassinat de Pavlos Fyssas. Sauf que, aujourd’hui, les révolutionnaires anarchistes sont encore en prison alors que les néo-nazis sont presque tous sortis.

En réaction au refus de l’État grec de confier leur petit garçon, prénommé Lambros, à la famille de Pola, Nikos Maziotis et Pola Roupa ont entamé une grève de la faim et de la soif.

Voici la déclaration de Pola :
« — Je suis et serai jusqu’à ma mort l’ennemi sans repentance du système. Nos ennemis ont décidé de placer mon enfant au milieu de cette guerre et de l’utiliser en représailles pour se venger. Ils ont enlevé notre enfant et je ne sais pas où il se trouve depuis qu’ils nous ont arrêtés. Nous sommes en guerre. C’est un fait. Cependant, faire la guerre à mon enfant en refusant de me l’amener, que je le voie et en refusant de le confier immédiatement à ma famille, en menaçant de le confier à un organisme, constitue le fait le plus méprisable de cette guerre. Ceux qui se trouvent dans les mécanismes étatiques sont des ordures, car ils combattent un enfant de six ans. Par conséquent, je commence immédiatement une grève de la faim et de la soif pour que notre enfant soit confié à ma mère et ma soeur. En ce qui me concerne, je resterai leur ennemi jusqu’à ma mort et ils ne me feront jamais plier. Vive la révolution ! »

Et la déclaration de Nikos :

« — Après l’arrestation de Pola Roupa, la juge pour enfant Nikoulou a refusé de confier la garde de notre fils de six ans à la famille de Pola, leur interdisant même de le voir, et sans permettre à notre avocat de savoir où il se trouve. L’État a donc enlevé notre fils. Il se venge de nous pour les choix de lutte que nous avons fait : ceux de la lutte armée. Les infâmes organes de l’État, les sbires des créanciers, du mémorandum légal et constitutionnel, s’en prennent à un enfant de six ans pour se venger parce nous nous sommes attaqués à une annexe de la banque centrale européenne, à la banque nationale de Grèce ainsi qu’au bureau du représentant permanent du FMI en Grèce. Les pratiques de la juge Nikolou sont similaires à celles des Paidoupoleis de la reine Fredérika pour les enfants des partisans lors de la guerre civile. Notre fils est l’enfant de deux révolutionnaires et il est très fier de ses parents. Aucun chantage ne nous fera plier. Nos choix, nous les défendons au moyen de nos propres vies. A partir d’aujourd’hui je commence une grève de la faim et de la soif avec ma compagne, avec pour revendication que notre fils soit confié à sa famille. La révolution armée des opprimés demeure la seule solution. »

Aux dernières nouvelles, Pola et Nikos se sont vu retirer l’autorité parentale de leur enfant. Le petit garçon a été transféré, non pas dans la famille de Pola, mais au département psychiatrique de l’hôpital Sainte Sofia, sous très haute surveillance, avec interdiction pour quiconque de communiquer avec lui sans autorisation spéciale.

Malgré les nombreuses protestations, y compris de Manolis Glézos(1), Tsipras ne veut rien entendre. La machine policière, judiciaire et pénitentiaire est marche.

Voilà l’État tel qu’en lui-même : faible avec les forts, fort avec les faibles, au service de la bourgeoisie, des banques et du capitalisme, réprimant tous ceux qui osent s’y opposer.

L’État dont les prérogatives sociales ne parviendront jamais à masquer sa fonction fondamentale : maintenir l’ordre au service des puissants, dans la société autoritaire et carcérale dont nous sommes tous prisonniers.

L’État n’est pas le mur de notre prison, mais la prison elle-même.

Solidarité avec Pola, Nikos et leur petit Lambros. Vive la révolution sociale et libertaire !

Yannis Youlountas

https://www.youtube.com/watch?v=WWp9onuo1w4

(1) Le vieux résistant au nazisme, à la dictature des Colonels et à la troïka, longtemps pilier de SYRIZA avant de dénoncer la trahison de Tsipras, vient de comparer le premier ministre grec à Créon, l’antique roi de Thèbes. Dans sa lettre ouverte, Manolis Glézos demande à Tsipras s’il est devenu « jaloux d’Erdogan », et affirme que « ce comportement méprisable des fonctionnaires de l’État affecte la crédibilité et la légitimité de la constitution, de l’État et de la société toute entière. » Il demande, lui aussi, la libération immédiate du petit garçon afin qu’il soit confié à la famille de Pola.