Lutter, c’est aussi ne pas oublier nos prisonniers politiques

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Lutter, c’est aussi ne pas oublier nos prisonniers politiques, maltraités, enfermés, humiliés, privés des rayons du soleil de l’automne, pour avoir simplement défendu nos libertés.

RESTER SOLIDAIRES FACE AUX REPRÉSAILLES DU POUVOIR

Il y a une part de nous-même dans toutes les prisons. Une part de ce que nous sommes, de ce que nous pensons, de ce que nous faisons. D’innombrables hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, parfois pères ou mères d’enfants dont ils ne voient plus les sourires et qu’ils ne peuvent plus serrer dans leurs bras, pendant des jours, des semaines, des mois…

Peu importe la violence dont les accuse haut et fort le pouvoir, en frappant du poing ou du maillet sur la table, elle ne sera jamais aussi grande, permanente et démesurée que celle du pouvoir lui-même et de ses serviteurs zélés.

Parfois, cette hypothétique violence de nos prisonniers se résume à un simple verre d’eau projeté au visage d’un dirigeant, une parole, un geste ou un cri du cœur à l’égard d’une brute en uniforme, ou même la simple incapacité à payer une lourde amende décidée par des bourgeois costumés de dentelle ou d’hermine qui n’ont jamais connu la faim ni le froid.

Par-delà nos différentes façons de lutter et nos motifs innombrables de le faire, il y a toujours ce même défi risqué à l’égard du pouvoir qui, en retour, nous le fait payer au centuple, en frappant ici et là, dans la foule, pour dissuader le grand nombre. Cette menace permanente qui répand la peur de la prison est l’un des piliers de la société autoritaire. Le pouvoir sait parfaitement qu’agir de la sorte est pour lui le seul moyen de se maintenir en place, avec son lot de démagogie, de mise en scène, de bienséance, de flagornerie, d’opulence, de tyrannie, de surveillance, de répression, de destruction et de mépris.

Nous sommes tous des prisonniers politiques en puissance. Si nous ne l’avons jamais été, nous le serons peut-être demain, car, si le pouvoir le décide, il trouvera toujours une bonne raison de nous enfermer, les uns ou les autres. D’autant plus que, jour après jour, de réduction du droit du manifester en renforcement de la répression et d’état d’urgence en loi travail, les murs s’élèvent partout autour de nous.

Lutter contre tous ces murs commence par refuser de se laisser intimider par l’enceinte des prisons et, surtout, ne jamais abandonner dans l’oubli nos compagnons de lutte emmurés vivants.

Y.Y.