NOUS SOMMES TOUJOURS DEBOUT. LA LUTTE CONTINUE. JAMAIS NOUS NE BAISSERONS LES BRAS

0Désolé d’être un peu moins disponible en ce moment, je me consacre essentiellement à la finalisation du film JE LUTTE DONC JE SUIS, après avoir été très pris par l’Histoire récente.

NOUS SOMMES TOUJOURS DEBOUT. LA LUTTE CONTINUE. JAMAIS NOUS NE BAISSERONS LES BRAS.

Petit souvenir en musique de la préparation du film précédent (également à rebondissement) :
https://www.youtube.com/watch?t=17&v=Kltfc1ZS2l0

LA CHANSON QUI ME TROTTAIT DANS LA TÊTE DURANT LE TOURNAGE DE NE VIVONS PLUS COMME DES ESCLAVES, ET ME RAPPELAIT LA FORCE DE L’HISTOIRE EN MARCHE.

Quand j’étais enfant, mon grand père crétois, dont je porte le nom et le prénom, me jouait souvent de la lyre et me parlait de NIKOS XILOURIS, un célèbre chanteur et joueur de lyre, né quelques années après lui dans le village voisin, près de Réthymnon. Il me faisait notamment écouter une magnifique chanson à jamais gravée dans ma mémoire et qui m’arrache parfois des larmes, mais des larmes de joie, d’amour et de désir de lutter. Une chanson qui parlait d’esclaves (δούλοι, douli) de l’humain maltraité comme un âne, et de marche persévérante et passionnée vers l’émancipation et l’utopie. Une chanson qui disait que la vie n’a pas de sens si on ne lutte pas, avec d’autres, pour la transformer.

Cette chanson, c’était « La ballade de monsieur Mentiou » d’après un poème de Kostas Varnalis.

Nikos Xilouris chantait avec tout son cœur, en serrant le poing, l’immense désir de révolte et d’émancipation des esclaves. En écoutant bien vous reconnaîtrez la répétition du mot « DOULI » (esclaves) qui vous rappellera l’expression NA MIN ZISOUMÉ SAN DOULI (ne vivons plus comme des esclaves). En plus, sur le disque qui me reste de cette époque, le visage de Nikos Xilouris me rappelle étrangement celui mon grand-père, comme s’il s’agissait d’un testament, d’un épitaphe, d’une recommandation à ne jamais oublier.

Άιντε θύμα άιντε ψώνιο / Bouge toi, victime, nigaud !
άιντε σύμβολο αιώνιο / Bouge toi, symbole éternel !
αν ξυπνήσεις μονομιάς / Si tu t’éveilles une fois pour toutes,
θα ’ρθει ανάποδα ο ντουνιάς / Le vent tournera enfin !

C’est pourquoi, plus efficace que tous les cafés du monde, cette chanson me trottait dans la tête, durant le tournage de NE VIVONS PLUS COMME DES ESCLAVES en 2013, et me rappelait la force de l’histoire en marche : 40 ans exactement après l’insurrection populaire de l’Ecole Polytechnique à Exarcheia, contre la dictature des Colonels en novembre 1973 (les images qui illustrent la chanson, mêlées de portraits de Nikos). L’écho de cette chanson me tenait éveillé 20 heures par jour, faisait palpiter mon cœur et toutes mes veines et me portait littéralement aux côtés de mes compagnons et camarades de lutte. Je ne sentais plus mes jambes, même au soir de journées interminables.

Un souvenir en musique qui nous invite à ne pas, à ne JAMAIS baisser les bras. Car l’Histoire n’est pas écrite d’avance. C’est notre histoire et il nous revient de l’écrire ensemble.

Yannis Youlountas