La lutte n’a pas d’âge

Merci de vos messages affectueux pour mes 51 ans. 🖤❤️✊
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Je suis actuellement en Grèce aux côtés de mes amis afghans. Entre deux actions solidaires (cuisine, paperasses, déplacements, récup’…), je me suis remis aux échecs… mais je n’ai pas encore leur niveau 😉
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Cependant, la vraie partie d’échecs va se jouer dans quelques jours, quand deux membres de Rouvikonas vont se retrouver dans le procès le plus infâme de ces dernières années, un véritable cauchemar basé sur de fausses accusations et des rumeurs malveillantes, un traquenard pour tenter de criminaliser le mouvement social… Un procès pour meurtre complètement insensé et kafkaïen !
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Dans les prochaines heures, un appel international va être lancé de plusieurs coins du monde (des signataires dans plus de 20 pays, sur tous les continents). Pas question d’être seuls face aux pouvoirs qui tentent de nous enterrer vivants. Nous sommes nombreux à ne plus supporter les caprices et les manipulations de ceux qui prétendent nous gouverner et de leurs valets en costumes ou en uniformes.
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En Grèce comme ailleurs, l’époque est sombre, inquiétante, presque crépusculaire. Heureusement, nous voyons autour de nous que beaucoup de gens en ont assez et ne tombent pas dans le piège des diversions les plus crasses. À l’heure où, sur le continent, le fossé se creuse encore entre opulence et précarité et où les libertés disparaissent au moindre prétexte, on nous montre sans cesse du doigt l’étranger, le réfugié, le migrant, et son ami, le solidaire, le militant, le révolté.
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Car oui, nous sommes pas « en colère » mais révoltés. Nous ne sommes pas « grand-remplacés » mais dominés et exploités. Nous ne voulons pas nous « soulever » contre plus précaire que nous, mais contre ceux qui nous volent nos vies.
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Oui, le pouvoir est un voleur de vie, sous toutes les formes, en tous lieux et en tous temps. Il est le virus qui nous ronge, le fléau qui nous spolie, l’incendie qui ravage la Terre, la serrure qui nous enferme, la manipulation qui nous déchire, le tintamarre qui nous abrutit, l’horloge qui nous impose son rythme, la mort qui contrôle nos vies avant même notre trépas.
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Par conséquent, la solution à nos problèmes grandissants passe par la destruction du pouvoir afin d’apprendre à vivre ensemble autrement, dans l’écoute, le respect, l’entraide et l’amour de la vie — pas seulement la nôtre, mais aussi celle qui nous traverse et nous entoure, dont nous ne sommes qu’un maillon éphémère et qui est plus que jamais menacée. Passer du nom au verbe : en finir avec « le pouvoir » en tant que rapport de domination pour enfin « pouvoir » en tant que capacité — pouvoir faire, vivre et créer, chacun et ensemble. Vivre sans pouvoir pour pouvoir vivre vraiment.
Voilà pourquoi les temps de crise ont des bons côtés : le temps critique est aussi le temps de la critique, c’est-à-dire de la remise en question. C’est donc le moment ou jamais d’être présent sur le pont, même si nous sommes parfois fatigués, chagrinés, désespérés.
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La lutte n’a pas d’âge, mais elle a des temps forts, des moments durant lesquels tout s’accélère, des moments qui nous mettent à l’épreuve. L’époque n’est plus à se confiner mais à reprendre la rue, les places, les lieux clés de la parole et de la rencontre. Ne surtout pas rester divisés, enfermés, apeurés, à attendre je ne sais quel dénouement, en France comme en Grèce. Nous n’avons rien à attendre. Le pire n’est jamais certain. Le meilleur est à porté de la main. À condition de ne pas baisser les bras quand tout semble devenu impossible.
Encore merci de vos messages de soutien. Tenez bon, vous aussi !
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Yannis Youlountas, votre compagnon d’utopie
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PS : pour en savoir plus sur ce qui se passe actuellement en Grèce et sur nos actions avec les réfugiés (principalement afghans depuis quelques semaines) :
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Dans quelques heures, paraîtra également l’appel international en soutien aux membres de Rouvikonas menacés de prison à vie.