Koufontinas : « je continue ! »

 

Le prisonnier a appris par son fils que la demande de suspension de sa peine venait d’être rejetée. Il s’y attendait depuis le début. Il a décidé d’aller jusqu’au bout de sa grève de la faim et de la soif « pour la justice ». Mais de nouveaux obstacles viennent de surgir…

C’est dans sa chambre d’hôpital à Lamia, sous haute surveillance policière, que Dimitris Koufontinas a eu confirmation de ce dont il était certain par avance : jamais l’État ne cessera de s’acharner sur lui. Contrairement aux pires fascistes tranquillement installés dans leur cellule VIP puis relâchés en libération conditionnelle, il est un véritable ennemi de l’État et du système de domination et d’exploitation. Aujourd’hui encore, le pouvoir semble bien décidé à lui faire payer jusqu’à son dernier souffle. Cela rappelle l’itinéraire d’autres prisonniers présents ou passés, en France et ailleurs. Tous ces enfermés vivants, pendus ou fusillés qui ont traversé les siècles, osant attaquer, chacun à leur façon, les représentants du pouvoir et leurs hommes de main, notamment une partie des anarchistes et révolutionnaires de la fin du XIXème siècle.

Sa mort est-elle certaine maintenant ?

Difficile de répondre pour l’instant, car un autre événement vient de se produire simultanément : nous venons d’apprendre qu’on refuse maintenant à Dimitris Koufontinas la visite régulière des deux médecins qu’il a pourtant choisi depuis le début de son hospitalisation. Oui, vous avez bien lu : l’État qui contrôle déjà nos vies, veut en plus prendre le contrôle d’une grève de la faim et de la soif, c’est-à-dire d’une lutte à mort contre lui. Concrètement, les médecins doivent attendre de savoir si l’on voudra bien leur accorder une visite ou pas la semaine prochaine ! Officiellement, Dimitris Koufontinas, aurait reçu trop de visites ! Pourtant, il est à l’agonie et, à l’évidence, il a besoin d’assistance et de la présence des siens à son chevet.

Ce n’est pas tout. Pour bien comprendre la situation actuelle et, tout d’abord, pourquoi Dimitris Koufontinas est encore vivant, il faut savoir que le sérum administré juste avant le début de la grève de la soif a toujours un effet assez long en terme d’hydratation et de protection antibiotique. D’où la survie du gréviste durant dix jours, comme c’est souvent le cas dans ce genre de situation. De plus, en raison d’une complication qui aurait pu avoir des conséquences cérébrales graves (ce qui lui aurait fait perdre le contrôle de la situation, en terme de décision), Dimitris Koufontinas a accepté un remède ponctuel à base d’oligo-éléments qui l’a légèrement hydraté également, il y a quelques jours. Cependant, il a refusé toute autre forme d’hydratation durant ces dix jours, notamment le sérum qu’on lui a proposé, mais dont il n’a pas voulu. Dans ce contexte, ne plus être assisté par ses médecins de confiance représente un autre danger pour Dimitris : que sa vie soit prolongée contre son gré pour faire reculer l’échéance d’un risque d’émeutes ou de représailles, tout en le laissant perdre la raison, la conscience de sa situation et donc sa faculté de décider.

Voilà le vrai visage de l’État et, en particulier, de ce gouvernement infesté de transfuges de l’extrême-droite nostalgiques de la dictature des Colonels. Alors pourquoi le ministre de la Justice a-t-il suggéré à l’avocate de Dimitris Koufontinas de tenter cette procédure judiciaire à Lamia, alors qu’elle n’a finalement mené à rien ? Tout simplement pour essayer de déplacer la responsabilité de sa future mort du champ politique au judiciaire. Mitsotakis et sa clique ne veulent pas rester toute leur vie les responsables de la mort de Koufontinas, avec tous les risques que cela signifie vis-à-vis d’une partie des soutiens du prisonnier. Ils préfèrent mettre sa mort sur le compte d’une décision de Justice stricte et sans indulgence à son encontre. Ils font aussi un calcul électoral, bien sûr, alors qu’ils sont traités d’assassins par toute la gauche grecque. Une façon de se défiler et de botter en touche. Mais pour les révolutionnaires, ce stratagème sordide n’a pas d’importance, sauf que Dimitris Koufontinas semble condamné et, pire encore, condamné à mourir sans en maîtriser le processus, privé de ses médecins de confiance.

Ce soir, la mobilisation n’a pas faibli dans les rues, malgré les nouvelles mesures restrictives contre le covid19, décision opportuniste imposée par le gouvernement (interdiction totale de circuler). Un appel est même lancé à l’international pour se mobiliser un même jour : ce samedi 6 mars, en soutien au gréviste de la faim et de la soif au seuil de la mort. Un appel de l’assemblée athénienne à manifester diversement notre solidarité par-delà les frontières qui prétendent nous séparer.

Les premières nouvelles de la nuit sont intenses. Il semble que les représailles aient déjà commencé. Les chats noirs sont de sortie ce soir.

 

Yannis Youlountas
 

 

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