Maud accidentée dans une collision avec un camion

Nouveau coup dur.

MAUD ACCIDENTÉE DANS UNE COLLISION AVEC UN CAMION

Ma compagne et camarade de lutte a subi un choc très violent sur une voie rapide de la région marseillaise. Alors qu’elle était seule en train de rejoindre Martigues, sa voiture est tombée en panne au début d’un pont sans bas-côté, donc sans la possibilité de se rabattre et en pleine nuit. Elle n’a rien pu faire que mettre immédiatement ses feux de détresse et découvrir, épouvantée, dans son rétroviseur, un immense camion foncer vers elle plein-phares.

Le 35 tonnes a percuté la voiture de Maud de plein fouet. Difficile de savoir si le conducteur était au téléphone, distrait ou fatigué. Rapidement arrivés sur place, les secours ont indiqué que sous le choc, la voiture de Maud avait été « projetée à 20 mètres » au-devant du camion, ce qui indiquerait une « vitesse excessive ».

Complètement K.O, Maud n’a pas pu sortir de son véhicule durant de longues minutes, au point que le chauffeur routier a cru, juste après l’impact qu’il s’agissait d’un véhicule vide, abandonné par des gens en panne. Heureusement, les secours sont arrivés très vite. Maud souffre du crâne, de la mâchoire et surtout des cervicales, ainsi que de nombreuses contusions jusque sur les jambes, mais elle a échappé au pire. « Vu la violence du choc contre ce 35 tonnes, elle s’en tire bien » a dit un médecin des urgences qui a également souligné que la musculature tonique de Maud (qui court des marathons et qui est très résistante) l’avait sans doute protégée. Elle est évidemment sous le choc et va devoir prendre du repos, beaucoup de repos.

Au niveau matériel, la voiture est complètement détruite, notamment la moitié arrière qui a été pulvérisée. Tout ce qui était dans le coffre a été détruit également : l’ordinateur de montage et la caméra en font partie. Le pire, c’est que Maud transportait les disques durs de nos derniers travaux depuis trois semaines, pour les dispatcher à l’abri à plusieurs endroits. Je suis en train de voir avec des amis ce qui peut être fait pour essayer de sauver les données de l’ordi de montage et des disques durs, car si cette récupération délicate échoue, nous aurons perdu trois semaines d’un travail intense sur le prochain film (Nous n’avons pas peur des ruines) : beaucoup de montage et quelques éléments complémentaires.

Ce coup dur intervient au terme d’une année très difficile pour nous, malgré le succès de l’Amour et la Révolution suivi du convoi vers la Grèce de mars dernier. Déjà en décembre 2018, j’avais dû interrompre (pour la première fois) la tournée de L’Amour et la Révolution pour être soigné en urgence, puis envoyé en convalescence près de Barcelone par des compagnons libertaires catalans dont plusieurs professionnels de santé. Quelques mois plus tard, en juin 2019, au Pirée, j’étais pris au piège dans une embuscade par un groupe de néo-nazis grecs, avant d’être sauvé par un groupe de voyageurs sortis d’un tram et intervenus courageusement alors que je risquais d’y laisser ma peau. Puis, à partir de juillet, ce fut le début d’un difficile bras de fer face à l’État grec et à sa police, à Exarcheia et parfois ailleurs également. En tant que membres de plusieurs des collectifs du quartier, Maud et moi avons été menacés, harcelés et agressés à plusieurs reprises. Un de nos appareils photos et plusieurs documents et cartes SD nous ont été volés. Un autre jour, durant une offensive de la police sur la place, j’ai été violemment chargé alors que je tentais de filmer et, entre autres, mon micro de caméra a été arraché, puis détruit sous les bottes des flics en furie, à une vingtaine de mètres du K*Vox. La période actuelle est très dure en Grèce, mais la résistance se lève et s’organise. Rien n’est fini. Par contre, nous sommes pour la plupart très fatigués par des mois de pression psychologique, de violences physiques, de harcèlement judiciaire et de difficultés matérielles.

De son côté, Maud annonce déjà qu’elle va se remettre tôt ou tard et que le film Nous n’avons pas peur des ruines, auquel elle tient beaucoup ainsi que nos compagnons de luttes en Grèce, parviendra à sortir. Par contre, vu la situation, ça risque d’être un peu plus compliqué et long que prévu. « Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » a-t-elle dit, en serrant les poings. Elle vous embrasse très fort et remercie celles et ceux qui, déjà informés par la rumeur, lui ont envoyé des messages d’encouragements.

Ce qui l’aide à se relever est aussi ce ce qui nous porte, les uns et les autres, et qui nous aide à surmonter les épreuves de l’existence, deux mots qui tracent le chemin, comme l’empreinte de nos pas résolus et déterminés : l’amour et la révolution.

Yannis Youlountas

PS : sur un autre sujet, j’ai pris connaissance des conclusions de la procureure au terme du procès d’Aube Dorée. Le ministère public vient de demander l’acquittement de tous les responsables néonazis, excepté pour leur homme de main : Roupiagas, celui qui a poignardé Pavlos Fyssas. Je ne suis pas étonné. Pas étonné du tout. Je vous dirai pourquoi prochainement.