Retour aux sources

Retour à l’École polytechnique, flanc ouest d’Exarcheia, comme au bon vieux temps, pour une assemblée des squats en lutte.

RETOUR AUX SOURCES

La porte enfin ouverte, les souvenirs refont surface, seul à l’intérieur en attendant mes compagnons de luttes d’hier et d’aujourd’hui : 2008, 2010, 2011, 2014, 2017… et 1973 mais que je n’ai pas connu étant alors trop jeune, quand l’insurrection, ici même, commença magnifiquement à faire vaciller la junte des Colonels.

Cette fois, des choses ont changé et c’est tant mieux : il y a, en lutte parmi nous, des centaines de migrant.es qui se politisent de plus en plus, ainsi que des dizaines de solidaires venu.es de l’autre bout de l’Europe (France, Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Hollande, Italie, Écosse…) et même du Brésil et du Canada !

Le nom de l’assemblée qui va se réunir dans quelques minutes est « No Pasaran ! » et elle le mérite bien, car le rapport de force est en train de changer : pour l’instant nous avons clairement gagné la bataille de la communication et le pouvoir s’est ridiculisé, même si nous avons souffert, y compris parfois dans notre chair.

Il souffle ici un vent d’internationalisme chargé de sens et d’histoire. Quelque chose se passe. Quelque chose de profond, comme une poussée de graines. Quelque chose de beau et d’intense. Quelle que soit l’issue de cette bataille d’Exarcheia, d’ores-et-déjà, ce moment restera à jamais gravé dans nos mémoires et sera un exemple de plus de ce que nous pouvons faire ensemble, par-delà les frontières, contre le pouvoir qui nous vole nos vies et nous mène dans l’impasse.

Les minutes ont passé. La réunion va commencer. Une petite fille s’exprime avec un marqueur au bas des murs déjà bien bien remplis… Nous sommes à Exarcheia et l’apprentissage du tag débute dès le plus jeune âge : avant même le papier, on écrit sur les murs ! Des personnes de toutes les couleurs ont pris place et se regroupent par langues. C’est parti pour tenter, une fois de plus, de changer ensemble le cours des choses.

D’autres nouvelles (très bonnes) bientôt ! Merci de votre soutien impressionnant qui nous aide beaucoup ici, tant en direction du gouvernement et de ses antennes à l’étranger qu’en direction de la population en Grèce qui est troublée par l’ampleur de nos soutiens en provenance de partout sur la planète.

Allez hop, plus de téléphone. A plus tard.

Yannis Youlountas