Friture sur la ligne

[Note de service]

FRITURE SUR LA LIGNE

Je suis désolé, mais je suis incapable de répondre à l’avalanche de questions et demandes de toutes sortes reçues ces dernières heures. D’autant plus que je suis très pris en ce moment, vous l’aurez compris, et souvent sans téléphone ni aucun appareil électronique, et ce, volontairement. Cela n’a rien à voir avec vous, bien sûr !

Maud se propose de m’aider à vous répondre : maud@lamouretlarevolution.net

Par contre, si ça concerne des hébergements, nous ne pouvons pas vous aider : nous cherchons à longueur d’année des lits et des abris pour des personnes qui vivent dans la rue ou pour des exilé.es fraichement échappé.es des camps après un itinéraire atroce. Comprenez que notre priorité va à ces personnes qui ne peuvent pas se payer un endroit où dormir.

Si vous optez pour Airbnb, évitez au moins de cautionner la gentrification d’Exarcheia et des alentours.

Si vous travaillez pour un média, je rappelle que ni moi ni aucun de mes camarades de Rouvikonas ou de Notara 26 – pour ne parler que de ces deux collectifs – n’acceptent d’entretien avec les médias de masse financés par nos ennemis : l’État et les grandes firmes capitalistes.

Si vous êtes un média indépendant et ami, comprenez qu’en ces circonstances bouleversées nous ayons un peu moins de temps pour communiquer. Peut-être fallait-il parler d’Exarcheia et de nos luttes avant, quand nous étions disponibles, plutôt que cette semaine ? Nous ferons quand même tout notre possible, promis. Par contre, faites attention à une chose : les destructions de caméras et d’appareils photo se multiplient à nouveau dans le quartier (comme il y a 5 ans) quand des inconnus se permettent de filmer ou photographier sans demander aux personnes visées. Bref, le quartier est très tendu, mêlant méfiance et nervosité.

Précision : tous les médias qui n’ont jamais dit le moindre mot ni écrit la moindre ligne sur aucun de nos films ou convois, vous pouvez aller vous gratter : les hypocrites et charognards, circulez ! Deux journalistes nous ont demandé hier de pleurnicher dans leur micro, après nous avoir snobés pendant six ans : des clous !

Pour les autres, avec toute notre amitié, comprenez simplement qu’il y a certaines choses que nous ne pouvons pas dire dans les circonstances actuelles. Nous faisons partie de plusieurs collectifs de ce quartier et nous tenons compte de leurs conseils dans ce domaine.

Les temps sont durs. Nous le paraissons peut-être aussi. Mais c’est bien par amour de la vie, de la justice et de la liberté que nous luttons, comme par le passé : pour que la tendresse et le temps de vivre remplacent la rudesse et la frénésie de cette société qui marche sur la tête.

Amicalement et solidairement,

Y.Y.