Lutter, c’est aussi alerter

Oui, je sais, en refusant de participer aux plateaux télés, nous ne disposons que d’un faible d’écho pour contredire le story-telling du pouvoir qui règne à la une des JT.

LUTTER, C’EST AUSSI ALERTER

Oui, je sais, nous n’avons que peu de moyens et pas beaucoup plus de temps à consacrer à la lutte pourtant cruciale contre la désinformation et le bourrage de crâne.

Oui, je sais, c’est David contre Goliath quand la parole sincère de prolétaires comme Mimi et Kostas depuis les catacombes grecques se heurte brutalement à celle, réglée comme du papier à musique, des experts de Bruxelles et des éditocrates de Paris.

Oui, je sais, à trop vouloir refuser de parvenir et de tutoyer les arcanes du pouvoir et du spectacle, on assiste souvent à son propre échec comme à celui de ses compagnons de lutte face à la force de frappe inouïe de l’ennemi.

Oui, je sais, notre petite réponse s’est, aujourd’hui encore, révélée inaudible, dans l’insupportable tintamarre médiatique sur la pseudo renaissance grecque.

Oui, je sais.

Mais nous croyons, nous, à la force du nombre et non pas à celle d’un seul individu ou d’une quelconque avant-garde. C’est à nous tous, ensemble, de diffuser tour à tour la parole des opprimés quand leurs agresseurs en viennent à nier leur souffrance et leur résistance.

Il appartient donc à chacun de choisir en conscience dans de telles circonstances : soit se montrer solidaire et acteur de la contre-information, soit se montrer solitaire et simple consommateur d’une information qui, en dépit du cri qu’elle contient, est reçue comme une autre.

Ce soir, c’est malheureusement ce qui s’est passé pour la réponse de mes camarades grecs : en six heures, 3000 vues sur Facebook(1) et 500 seulement sur youtube(2), face aux millions de cerveaux branchés sur la propagande.

Pourtant, lutter, c’est aussi alerter quand le message est crucial et que les opprimés sont bâillonnés.

Ce soir, entre 18h et minuit, ça n’a pas été le cas. Sans doute la faute au beau temps, à l’été, aux vacances et au ras-le-bol. C’est compréhensible. C’est bien là toute l’intelligence de nos adversaires de profiter subtilement de nos pauses saisonnières.

Mais il serait bon, durant l’automne à venir, de nous rappeler que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, les uns et les autres, et réciproquement.

Nous rappeler que pour porter la parole des opprimés nous n’avons que la force du nombre, comme un slogan ou une chanson qui remonte de la rue.

Nous rappeler que lutter, c’est aussi alerter.

Yannis Youlountas

(1) https://www.facebook.com/yyoulountas/videos/2021796671464283/
(2) https://www.youtube.com/watch?v=nXnA6o4DDH8

Photo : une page de mon livre « Paroles de murs athéniens » (paru aux Éditions Libertaires en 2011) avec une citation de Louise Michel qu’il serait bon de nous remémorer :
« Il faut bien que la vérité monte des profondeurs du peuple, puisque d’en haut ne viennent que les mensonges. »