Répression sexuelle en Biélorrussie : 52 arrestations lors d’une soirée échangiste près de Minsk (vidéo)
Encore un état européen qui prétend « remettre de l’ordre dans la sexualité des citoyen-ne-s » et « punir toutes les déviances ».
RÉPRESSION SEXUELLE EN BIÉLORRUSSIE : 52 ARRESTATIONS LORS D’UNE SOIRÉE ÉCHANGISTE PRÈS DE MINSK (VIDÉO)
Deux amis anarchistes biélorusses m’informent que la situation devient particulièrement inquiétante dans ce pays. Désormais, l’État s’immisce de plus en plus dans la vie privée des gens au prétexte de défendre les bonnes mœurs ou encore de lutter contre la prostitution.
C’est ce qui s’est produit, parmi d’autres exemples, dans la nuit du 28 juillet dans le village de Borovljany, à côté de Minsk.
Un commando de flics suréquipés en armes a fait irruption dans une ferme où se déroulait une partie fine, braquant les dizaines de personnes affolées avec des mitraillettes et des armes de poing, dans les cris et les larmes, frappant et humiliant au passage la plupart des 52 personnes qui ont finalement toutes été arrêtés.
L’argument du ministère de l’intérieur ? Il s’agissait pour lui d’un « bordel caché dans une ferme » où se produisait des « pratiques sexuelles non conformes ». En autres : « échangisme, bisexualité, homosexualité, jeux de rôles, jeux à thèmes, SM », ainsi que quelques cas suspectés de « prostitution ».
Selon les déclarations du ministère, le couple qui habitait la ferme faisaient payer l’entrée aux visiteurs : 120 roubles pour les couples (2 euros) 200 à 370 roubles pour les hommes seuls (3 à 5 euros) et rien pour les femmes seules. Ce tarif comprenait l’accès libre au sauna et à la piscine, ainsi qu’une première boisson.
Durant l’opération commando, il y avait 52 personnes présentes dans les lieux, âgés de 20 à 45 ans (aucun mineur) : 34 hommes et 18 femmes, parmi lesquels des couples mariés, d’autres en union libre, des célibataires et « quelques étudiantes suspectées de monnayer leurs services ».
Voici la vidéo diffusée par le ministère de l’intérieur biélorusse, très fier d’avoir interrompu ces « pratiques sexuelles non conformes » :
Je sais bien que le débat sur l’abolition ou pas de la prostitution fait des ravages parmi les libertaires et les humanistes. C’est un vieux débat que je ne souhaite pas rouvrir ici. Non, la répression qui se durcit en Biélorusse et ailleurs concerne beaucoup plus largement le droit à la vie privée et, en particulier, le droit de disposer de son corps.
A chacun de vivre comme il l’entend : ce n’est pas au pouvoir religieux ou politique de nous dire ce que nous devons faire et comment. Comme le clamait Albert Libertad, à la fois contre l’Église et contre l’État en 1905 : « Nul n’a droit sur nos corps »*.
Y.Y.
* Dans le premier numéro du journal « L’Anarchie » (fondé le 13 avril 1905 avec les sœurs Anna et Armandine Mahé avec lesquelles Albert Libertad vivait en union libre).