Le camp de Lesbos détruit après une manif d’extrême droite

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Quelques heures après une manifestation d’extrême-droite

L’IMMENSE CAMP DE RÉFUGIÉS « MORIA » DE LESBOS DÉVORÉ PAR LES FLAMMES

En réalité, tout a commencé samedi, avec plusieurs affrontements entre fascistes et anarchistes, dont le principal dimanche en début de soirée, place Sappho à Mytilène, en présence de réfugiés et de militaires pour une histoire de drapeau, avec descourses-poursuites qui ont continué tard dans la nuit.

Puis, le lundi matin à 10 heures, devant les bureau d’IKA (la sécurité sociale), l’extrême-droite a rassemblé tous les braves gens ne supportant plus l’afflux de « personnes pas comme nous parce que, vous comprenez, on n’a pas la même religion, on ne mange pas la même chose, on ne parle pas la même langue et puis, surtout, on veut vivre tranquille chez nous. »

Parmi les manifestants qui ont déambulé dans la ville, les néo-nazis d’Aube dorée étaient tous là, au cœur du cortège, sans que ça ne gêne personne. Certains ont crié : « Puisque l’Europe veut se charger du problème, qu’elle les prennent tous au lieu de nous les laisser ici ! » et surtout : « on n’en peut plus, on n’en peut plus, virez-les, sinon c’est nous qui allons le faire ! »

Le nombre exact de réfugiés et de migrants sur l’île (chiffres publiés lundi par le gouvernement) serait de 5650 pour 3500 places, parmi lesquels 153 mineurs isolés. La plupart sont bloqués à Lesbos depuis six mois, l’accord Union Européenne-Turquie étant entré en vigueur le 20 mars. D’où les protestations qui se multiplient de part et d’autres : celles des réfugiés et de ceux qui les soutiennent contre les terribles conditions de vie et l’attente interminable, et celles des nationalistes et fascistes qui se plaignent et, parfois, menacent.

Quelques heures seulement après la manif d’extrême-droite, un gigantesque incendie a éclaté aux abords du camp, sans aucun doute d’origine criminelle. En quelques minutes, avec le vent, le brasier a ravagé les habitations et détruit la plupart des affaires personnelles des réfugiés.

Mais, comme d’habitude, c’est la même rengaine dans les mass-médias, reprenant tous en chœur le refrain désormais célèbre des autorités grecques : « ce sont probablement les réfugiés qui se sont battus entre eux et qui ont eux-mêmes provoqué l’incendie. »

Des preuves ? Absolument aucune. Au contraire, la rumeur d’un incendie criminel d’Aube dorée circule avec insistance ce matin à Lesbos, moins d’un mois après l’incendie du Notara 26 par un groupe néo-nazi, le 24 août à Athènes.

Mais c’est tellement plus simple de rejeter toute la responsabilité sur les plus vulnérables.

Yannis Youlountas

Rappel des conditions d’arrivée sur Lesbos de ces réfugiés, dont la plupart fuient la guerre, qu’elle soit militaire ou économique :

Mise à jour à 13h00 : la police vient d’annoncer l’arrestation de 9 migrants suspectés d’avoir allumé l’incendie, pour essayer de contrer la rumeur insistante d’un incendie criminel d’extrême-droite suite à des menaces durant la manifestation le matin même. On attend les preuves. Ajoutons que le gouvernement et l’Union européenne avaient pour projet notoire de bientôt évacuer et détruire ce camp, en envoyant tout le monde en Turquie, malgré le refus des réfugiés et de leurs soutiens. Alors ? Incendie de réfugiés en colère, incendie criminel de l’extrême-droite comme à Athènes récemment ou incendie manipulé par les liens étroits flics-fascistes pour justifier le renvoi des réfugiés ?