TOUSSAINT : « LES CONSÉQUENCES DE LA CAPITULATION. TSIPRAS N’A PAS TENU PAROLE. »

Préliminaire à une tentative d’analyse complète du fondateur du CADTM qu’il diffusera dans une dizaine de jours.

ÉRIC TOUSSAINT : « LES CONSÉQUENCES DE LA CAPITULATION. (…) TSIPRAS N’A PAS TENU PAROLE. »

Extraits :

« Alexis Tsipras a remplacé 6 ministres et vice-ministres qui s’étaient prononcés contre l’accord du 13 juillet, par des membres de Syriza qui soutiennent la nouvelle orientation. Alexis Tsipras a également démissionné un des porte-paroles du groupe parlementaire. (…). Si le changement de la composition du gouvernement est de la compétence du premier ministre, il n’en va pas de même de la désignation des porte-paroles du groupe parlementaire de Syriza. Seul, le groupe parlementaire pouvait prendre une telle décision. (…)

Alexis Tsipras et la partie de Syriza qui le suit (…) dépendent désormais de l’apport des voix de Nouvelle démocratie, de To Potami et du Pasok pour avoir une majorité. Cela pourrait changer si Tsipras remettait en cause sa capitulation et provoquait un nouveau vote au parlement pour rejeter l’accord. On voudrait y croire mais franchement cela paraît exclu. (…)

En mai 2015, Alexis Tsipras s’était engagé devant le comité central de Syriza à ne pas signer d’accord sans une réunion préalable de cette instance de direction du parti. Il n’a pas tenu parole. (…)

Quand un dirigeant politique prend un tel cap, l’engrenage peut être fatal : la limitation de la démocratie dans le groupe parlementaire et dans le parti est utilisée pour mettre en pratique la nouvelle orientation. (…)

Je présenterai dans les 10 jours mon explication sur pourquoi on en est arrivé là sans prétendre donner une analyse complète qui n’est pas à ma portée pour le moment. Parmi les causes de la tournure actuelle des évènements, il y a bien sûr l’inflexibilité des créanciers mais il y a également la stratégie suivie par la direction de Syriza et le gouvernement d’Alexis Tsipras : le refus de la direction de Tsipras de remettre en cause clairement et explicitement la légitimité et la légalité de la dette, la poursuite du remboursement de celle-ci, l’incompréhension de l‘importance de la réalisation d’un audit à participation citoyenne, le refus de toucher aux intérêts des grands actionnaires des banques grecques qui sont pourtant responsables de la crise bancaire, le refus d’adopter une stratégie d’actes d’autodéfense face à l’inflexibilité et aux agressions des créanciers, le refus de préparer un plan B et de l’expliquer publiquement (qui pouvait y compris aller jusqu’à une sortie de l’euro)… (…)

Dans la période dans laquelle nous sommes entrés, le gouvernement devient de fait co-responsable de la poursuite de la violation de droits humains fondamentaux en contradiction avec les obligations internationales de la Grèce. (…)

Le piège s’est refermé et, franchement, JE NE CROIS PAS QUE TSIPRAS SERA PRÊT À FAIRE LE TOURNANT À 180° QUE DEVRAIT LUI DICTER SA CONSCIENCE ET QUE DEMANDE UNE GRANDE PARTIE DE SYRIZA. J’espère me tromper. (…)

On est entré dans une nouvelle période. Dans des conditions très difficiles, il va falloir renforcer la solidarité avec le peuple grec. »

Merci Eric.

Texte intégral ici : Grèce : les conséquences de la capitulation

Eric Toussaint dans « Je lutte donc je suis » :