L’État grec contre-attaque : répression sans précédent contre Rouvikonas !

Ce soir, un membre du groupe anarchiste est sur le point d’être jeté en prison et risque jusqu’à dix ans ferme. Trois autres membres sont également concernés. Le dépôt de garantie a brutalement été décuplé (x10) à un niveau totalement impossible à payer. La classification du délit change aussi…

L’ÉTAT GREC CONTRE-ATTAQUE : RÉPRESSION SANS PRÉCÉDENT CONTRE ROUVIKONAS !

En tous lieux et en tous temps, le pouvoir n’a de cesse de se venger des résistances qui le défient, le repoussent ou le ridiculisent. Dans sa toute puissance, il est d’autant plus revanchard et violent qu’il est malmené.

Ces trois dernières semaines, l’État grec a connu la plus puissante résistance des mouvements anarchistes et révolutionnaires depuis décembre 2014. Et, au final, il a subi une cinglante défaite doublée d’un grand moment de ridicule.

Tout d’abord, l’État grec vient de subir la victoire politique de Dimitris Koufontinas(1), après 21 jours de grève de la faim, dont la Cour Suprême a levé le véto sur ses permissions de sortie surveillées, dans un contexte d’attaques répétées du mouvement social contre le pouvoir partout en Grèce.

L’État grec vient également de subir, trois jours plus tôt, l’affront d’un assaut réussi du groupe Rouvikonas sur le parvis du Parlement(2), transformé durant une trentaine de secondes en terrain de paintball au nez et à la barbe des services de sécurité et de renseignements. Une véritable humiliation pour l’État et ses valets.

Dans ce contexte de Waterloo politique, l’État ne peut évidemment en rester là, surtout à trois jours des élections (à la fois locales et européennes en Grèce). Il a donc choisi de s’attaquer à ceux qui sont, selon lui, au cœur du problème. Depuis quelques années, le groupe Rouvikonas participe à réveiller les résignés par milliers, à remettre les expressions « action directe » et « propagande par le fait » au goût du jour, à faire rêver à nouveau de révolution sociale et, surtout, à faire parler d’anarchie presque tous les soirs aux journaux télévisés(3).

Rouvikonas était dans le collimateur depuis longtemps. Plusieurs bras de fer avaient déjà eu lieu, notamment en juin 2018 (cf. L’Amour et la Révolution). À l’époque, l’État caressait l’envie de classer Rouvikonas parmi les organisations terroristes, avant d’y renoncer provisoirement face à un première levée de boucliers.

Cette fois, l’État a choisi une autre stratégie : il considère que les quelques bouteilles de peinture rouge et noire n’ont pas sali, comme à l’habitude, un simple bâtiment officiel, mais un monument historique d’une très grande fragilité et d’une immense valeur culturelle ! Confondant volontairement le Parthénon et la Vouli – bien plus basique, solide et récente – l’État fait passer le délit en crime et fait aussitôt grimper la peine maximale prévue à 10 ans fermes ! De surcroit, ce stratagème lui permet d’exiger au camarade arrêté une somme astronomique comme dépôt de garantie : 30 000 euros ! Plus de dix fois la somme maximale demandée habituellement !

Le membre de Rouvikonas arrêté il y a trois jours durant l’action sur le parvis du Parlement est donc, a priori, contraint de rester en prison jusqu’à son procès vu l’ampleur de la somme. Pire encore, selon nos informations, trois autres membres du groupe auraient été identifiés et pourraient rapidement être poursuivis à leur tour. Cela signifie, non plus 30 000 euros, mais 120 000 euros !

Il y a un mois et demi, nous avions réussi ensemble à empêcher l’emprisonnement d’un autre membre du groupe(4), en l’occurence Giorgos co-fondateur du groupe. Mais le dépôt de garantie que nous avions payé à l’époque « n’était que » de 3000 euros. D’ailleurs, les médias du pouvoir en Grèce avaient regardé d’un très mauvais œil notre solidarité internationale(4), alors qu’ils venaient d’annoncer deux jours plus tôt l’emprisonnement imminent de Giorgos. Quelques semaines plus tôt, nous avions également apporté un véritable pactole(5) à l’occasion du convoi solidaire de février-mars 2019, mais on n’organise pas tous les jours de tels convois et cette somme avait immédiatement servi à régler tout ce qui devait l’être au plus vite.

Ce soir, le sentiment est donc partagé : celui d’une immense victoire, grâce à 21 jours de lutte intense contre le pouvoir qui a finalement cédé pour Dimitris Koufontinas, mais également celui d’une violente contre-attaque du même pouvoir au moyen de l’État qui est tout entier à son service(6).

Cette nouvelle page des luttes en Grèce ne fait donc que commencer. Rien n’est encore perdu tant la solidarité est, ici comme ailleurs, un principe de base parmi celles et ceux qui luttent.

Solidarité avec Rouvikonas !

Yannis Youlountas

(2) Attaque du parlement grec par Rouvikonas
http://blogyy.net/2019/05/21/attaque-du-parlement-grec-par-rouvikonas/
(3) Rouvikonas, des anarchistes en première ligne
(4) Ce que redoute le pouvoir
http://blogyy.net/2019/04/13/ce-que-redoute-le-pouvoir/
(5) Lire à ce sujet le quatrième épisode du compte-rendu du dernier convoi solidaire en Grèce
http://lamouretlarevolution.net/spip.php?rubrique15
(6) L’État est au service du pouvoir parce que ce dernier le dirige, mais aussi parce qu’il octroie soigneusement à certaines de ses composantes des avantages et lui donne des primes quand c’est nécessaire, plus encore parce qu’il écrit lui-même les lois qu’il fait ensuite appliquer, et surtout, parce que le but commun de ces deux entités est l’autoconservation.