Bientôt : la bande-annonce de notre troisième film !

[Ελληνική μετάφραση παρακάτω, English translation below]

5 ans après « Ne vivons plus comme des esclaves », 3 ans après « Je lutte donc je suis » et au terme de 15 mois de tournage et de préparation :

DANS QUELQUES JOURS, VOUS POURREZ DÉCOUVRIR LA BANDE-ANNONCE, LE SITE ET L’AFFICHE DE NOTRE TROISIÈME FILM

Il s’agira d’une bande-annonce longue, comme à l’habitude : toujours plus de dix minutes*, et cette fois quinze ! C’est vrai, ça peut sembler bizarre, ça ne se fait pas d’habitude et c’est un peu dévoiler le contenu du film. Oui, mais c’est ce qui fait sens pour nous : notre but n’a jamais été de faire du chiffre avec nos films mais de porter une parole à l’écart du spectacle abrutissant, un imaginaire radicalement différent et des actes en rupture totale avec la résignation ambiante. Nos films ne sont pas du cinéma. Juste des bouteilles à la mer par-delà les frontières de l’espace et du temps. De toutes façons, ni la longueur de nos bandes-annonces, ni le silence médiatique (réciproque), ni nos mises en ligne gratuites ne nous ont jamais empêché de remplir les salles, bien au contraire.

Cette semaine, ladite bande-annonce sortira en français, grec et anglais simultanément. Puis, quelques jours après, un teaser d’une minute sortira à son tour dans ces trois langues, notamment pour les cinémas.

Nous n’en dirons pas plus pour l’instant. Merci de votre patience (ou de garder le secret si vous avez eu bruit de quelque chose).

Et, en attendant, voici quelques souvenirs en images : de « Ne vivons plus comme des esclaves » pour commencer (difficile de choisir 42 photos parmi des milliers…).

Encore merci à toutes celles et ceux qui nous ont soutenus, quelle que soit la façon.

A très vite.

Maud, Yannis et toute l’équipe du troisième film

* Bande-annonce longue de Ne vivons plus comme des esclaves (2013) :
https://www.youtube.com/watch?v=I49hD1pDw8Y
Bande-annonce longue de Je Lutte donc je suis (2015) :
https://www.youtube.com/watch?v=v3Vc5aWkORY

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5 χρόνια μετά το « Να μην ζήσουμε σαν δούλοι », 3 χρόνια μετά το « Αγωνίζομαι άρα υπάρχω » και μετά από 15 μήνες κινηματογράφησης και προετοιμασίας:

ΑΥΤΗ ΤΗ ΕΒΔΟΜΑΔΑ, ΜΠΟΡΕΙΤΕ ΝΑ ΑΝΑΚΑΛΕΙΨΕΤΕ ΤΟ ΤΡΕΙΛΕΡ, ΤΗΝ ΙΣΤΟΣΕΛΙΔΑ ΚΑΙ ΤΗΝ ΑΦΙΣΑ ΤΗΣ ΤΡΙΤΗΣ ΤΑΙΝΙΑΣ ΜΑΣ

Πρόκειται για ένα τρέιλερ μεγάλης διάρκειας, όπως συνήθως: πάντα πάνω από δέκα λεπτά *, αυτή τη φορά ταδεκαπέντε! Είναι αλήθεια πως μπορεί να φανεί παράξενο, δεν πρόκειται για κάτι συνηθισμένο καθώς αποκαλύπτει λίγο το περιεχόμενο της ταινίας, αλλά αυτό έχει νόημα για εμάς: ο στόχος μας δεν ήταν ποτέ να βγάλουμε χρήματα από τις ταινίες μας, αλλά να ρίξουμε φως σε εικόνες μακριά από το εκκωφαντικό θέαμα, ένα ριζικά διαφορετικό ιδανικό που ενεργεί σε πλήρη ρήξη με την παραίτηση. Οι ταινίες μας δεν είναι κινηματογράφος. Απλά μπουκάλια στη θάλασσα πέρα ​​από τα όρια του χώρου και του χρόνου. Σε κάθε περίπτωση, ούτε το μήκος των τρέιλερ μας, ούτε η σιωπή των μέσων μαζικής ενημέρωσης (που είναι αμοιβαία) ούτε οι δωρεάν μεταφορτώσεις μας εμπόδισαν ποτέ να γεμίσουμε τους κινηματογράφους, αντίθετα.

Αυτή την εβδομάδα το τρέιλερ θα κυκλοφορήσει στα γαλλικά, τα ελληνικά και τα αγγλικά. Στη συνέχεια, λίγες μέρες αργότερα, θα βγει ένα teaser ενός λεπτού στις τρεις αυτές γλώσσες, ειδικά για τους κινηματογράφους.

Δεν λέμε περισσότερα για τώρα. Σας ευχαριστούμε για την υπομονή σας (ή την διακρητικοτητά σας αν είχατε λάβει κάποιες γνώσεις).

Περιμένοντας ορίστε μερικές αναμνήσεις σε εικόνες: σήμερα, από το Να μην ζήσουμε σαν δούλοι.
Ευχαριστούμε και πάλι όλους εκείνους που μας υποστήριξαν, ανεξάρτητα από τον τρόπο.

Τα λέμε σύντομα.

Μοντ, Γιάννης και όλη η ομάδα πίσω από την τρίτη ταινία

* Τρέιλερ μεγάλης διάρκειας του Αγωνίζομαι άρα υπάρχω (2015):
https://www.youtube.com/watch?v=jLDp-VM46EA
Να μην ζήσουμε σαν δούλοι (2013):
https://www.youtube.com/watch?v=neRt6XS05b0

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5 years after « Let’s not live as slaves », 3 years after « I fight therefore I am » and after 15 months of filming and preparation:

THIS WEEK, YOU CAN DISCOVER THE TRAILER, THE SITE AND THE POSTER OF OUR THIRD FILM

Ιt will be a long trailer, as usual: always more than ten minutes, and this time fifteen! It’s true, it may seem weird, it’s never done and it unveils some of the content of the film, but that’s what makes sense for us: our goal was never to make the money off of our films but to bring a word away from the deafening spectacle, a radically different imaginary and acts in complete rupture with the ambient resignation. Our films* are not cinema. Like bottles floting in the sea beyond the boundaries of space and time. In any case, neither the length of our trailers, nor the silence of the media (reciprocal), nor our free uploads have ever prevented us from filling the theaters, on the contrary.

This week, the trailer will be released in French, Greek and English. Then, a few days later, a teaser of one minute will come out in these three languages, specially designed for cinemas.

We will not say more for now. Thank you for your patience (or for keeping the secret if you had knowledge of something).

And, in the meantime, here are some memories in pictures: today, Let’s not live like slaves.

Thank you again to all of those who supported us, whatever the way.

See you soon.

Maud, Yannis and the whole crew of the third movie

* Let’s not live like slaves (2013):
https://www.youtube.com/watch?v=RoaBaLyF_jw
I fight therefore I am (2015):
https://www.youtube.com/watch?v=0LsMHyWj7V0

 

Depuis les grandes émeutes de décembre 2008, au cœur des événements, j’écrivais des articles et photographiait la « crise grecque » en « observation participative » : souvent de façon anonyme sur Internet, mais aussi dans Siné Hebdo (puis Mensuel) à partir de janvier 2009, dans Le Monde Libertaire à partir de février 2009 (où j’avais déjà écrit mais pas sur ce sujet) et quelques autres journaux dits « alternatifs ». J’avais exposé des photos, publié deux ouvrages autour du sujet, mais le désir et, plus encore, le besoin de tourner la molette de mon appareil photo en mode vidéo se faisait sentir…

 

2012-2013. Le projet se concrétise avec l’aide de quelques ami-e-s, parmi lesquels Mimi, bien sûr, mais aussi « Beaujolais » (l’un des surnoms de Vangelis N. pour les intimes) ou encore Makis (sur la photo) et Grigoris à Thessalonique. Impossible de citer tou-te-s les autres (cf. les noms sur l’affiche) Vous avez peut-être entendu parler d’un collectif « invisible » (un de plus) qui se serait développé durant ces années-là, baptisé « Berceau d’un autre monde » ? Un collectif informel avec pas mal de gens plus ou moins discrets — voire très secrets — aux modes d’actions artistiques et politiques très divers ? Non ? Moi non plus.

 

Mai 2013 (4 mois avant la sortie en France). Parmi tous les réseaux qui m’ont soutenu, dans leur diversité, je ne remercierai jamais assez Le Monde Libertaire qui a carrément publié un supplément gratuit de quatre pages sur le film alors en préparation. Idem pour Radio Libertaire, la revue Silence et quelques autres. Big up !

 

Août 2013. Alors même que « Ne vivons plus comme des esclaves » est sur le point de sortir en Grèce (un mois avant la sortie en France), l’un des lieux du film est entièrement détruit par une attaque de fascistes à motos : « Synergio » à Ilioupoli restera néanmoins dans le montage du film pour « continuer à exister dans la mémoire » à la demande de mes compagnons de luttes, notamment Mimi et Giorgos.

 

2 septembre 2013. Après une première à la tombée de la nuit sur la terrasse du Nosotros, bondée, c’est Tasos Sagris, l’initiateur du slogan en Grèce, et son collectif Keno Diktio qui organisent la première du film sur la place Exarcheia, noire de monde. Parmi les copains venus de loin ce jour-là : Noël Godin (qui va ensuite m’accompagner à Thessalonique quelques jours plus tard présenter Ne vivons plus comme des esclaves au Festival pour la démocratie directe).

 

Fin septembre 2013. Sortie en France et début d’une tournée de plus en plus délirante. La première phrase du film aiguise la curiosité : « Ceci n’est pas du cinéma ».

 

En Grèce aussi, les projections se multiplient. Les collectifs de lutte s’emparent du film pour organiser des événements ou ouvrir de nouveaux squats et lieux autogérés, à commencer par Exarcheia bien sûr.

 

L’ancienne télé publique grecque (que j’aurais boycottée à l’époque) est passée en autogestion depuis juin 2013, suite à sa fermeture arbitraire par le premier ministre Samaras. Du coup, « Ne vivons plus comme des esclaves » (ici à 17h30 dans le programme) devient l’un des principaux films qu’elle diffuse sans cesse (avec Debtocracy) durant deux ans, plusieurs fois par mois, jusqu’à la nouvelle institutionnalisation au printemps 2015. Plus de 60 diffusions en deux ans sur ERT Open et une vingtaine de plus sur ERT3.
Au total, entre les projections publiques, parfois associées à des concerts, les téléchargements sur internet, les vues sur youtube et les 80 diffusions à l’antenne, sur les chaînes autogérées, on estime entre un demi-million et un million le nombre de Grec-que-s qui ont le film (sur 11 millions d’habitants) sans qu’il n’ait jamais été cité une seule fois par les médias mainstream. Une haine réciproque que ces derniers continueront à ruminer contre nous (quelques anecdotes croustillantes) et qui éclatera au grand jour avec l’incroyable désinformation contre nos premiers grands convois solidaires quatre ans plus tard.

 

En octobre 2013, la Fédération Anarchiste est l’une des premières orgas à nous solliciter pour une tournée, avec deux personnages du film. C’est la moindre des choses, vu le soutien reçu du ML et de RL. Qui va venir de Grèce pour nous accompagner ?

 

Réponse : Mimi et « Beaujolais » (ici au Festival du livre libertaire à Merlieux. Ne me demandez pas pourquoi, on le surnomme ainsi. Je peux juste révéler que cette petite histoire date du 28 septembre 2013).

 

Parmi les autocollants créés par la suite.

 

Décembre 2013. Les invitations lointaines se multiplient. Juste avant de retourner à Athènes, le festival d’Alger me confie un hommage à transmettre à mes compagnons de lutte :
https://www.youtube.com/watch?v=VYrwzOaFJxI
Moi qui suit plutôt contre les prix, je me vois mal le refuser dans le contexte d’extériorisation de nos luttes, surtout de l’autre côté de la Méditerranée ; ce continent africain que j’aime tant, à quelques centaines de kilomètres de la Crète où vit l’essentiel de ma famille.

 

La diffusion rapide du film en Allemagne est due à la fois aux réseaux anars/révolutionnaires très actifs et aux collectifs de solidarité avec les opprimé-e-s grec-que-s dans ce pays qui compte le plus grand nombre d’immigrés grecs en Europe.

 

Le film traverse aussi les frontières à l’occasion de tournées en France. Comme ici avec les compagnons libertaires de Chambéry et Grenoble, ainsi que mon ami Sergio, remarquable auteur du livre « Nous n’avons pas peur des ruines » sur l’histoire du situationnisme. Les copains dessinateurs de Siné Mensuel me donnent parfois un coup de main. Ici, Faujour. Parfois Berth, Jiho ou le regretté Siné qui m’avait fait de super dessins à plusieurs reprises pour nos actions vers la Grèce.

 

En Italie, comme ailleurs, le film est presque toujours diffusé d’abord par les réseaux anarchistes et révolutionnaires, avant d’être repris par d’autres, notamment dans des collectifs « de gauche ». Certains anarchistes me disent regretter que j’accepte des invitations à accompagner le film et à débattre « chez les étatistes ». Je réponds que chacun place la limite où bon lui semble. Je suis radicalement antifasciste, assurément anticapitaliste, mais je ne suis pas sectaire. Je ne veux pas d’un monde où l’on ne discuterait qu’entre nous. Je ne discute pas avec l’extrême-droite, bien sûr, mais je discute volontiers avec les camarades de gauche de Attac ou d’ailleurs. C’est à mes yeux une folie d’oublier qu’on est ensemble dans plein de luttes au fil des années, de celles des migrants à celles de la nature à défendre, par exemple. Mon utopie est anarchiste. C’est mon vœu le plus cher, de mon cerveau à mes tripes. Mais mon amour de la philosophie et du débat, de la rencontre et de la diversité, ne peut pas m’interdire en tant qu’athée de discuter et de lutter aux côtés d’un musulman, d’un juif ou d’un chrétien. Soyons radicaux, compagnons, mais ne soyons pas sectaires. Le goût immodéré de l’uniformité porte un nom : c’est le fascisme. Alors, cherchons et trouvons l’équilibre entre la radicalité dans nos luttes et l’ouverture à autrui. Amour Anarchie.

 

Souvent, on découvre l’originalité de nouvelles affiches, comme ici au sud de la péninsule ibérique. L’un des plaisirs du Creative Commons.

 

Fin 2014, à l’occasion d’une projection-débat en Andalousie, je découvre les occupations de Sanlucar, grâce à mon ami Nicolas Patris. Le projet de « Je lutte donc je suis » commence à naître.

 

Projection-débat à Marinaleda. Fin 2014.

 

Après la France, la Suisse, la Belgique et la Grèce, la région d’Europe où le film a été le plus diffusé est certainement la Catalogne. Ici par la CGT.

 

Et là par la CNT.

 

Ou encore diffusé dans une banque expropriée à Barcelone ! Celle de Gràcia.

 

Au fil des mois, on finit par arrêter de remplir le chapeau de l’affiche. Ça devient n’importe quoi. OK, on a compris : le silence des médias n’a pas gêné la vie du film, bien au contraire. Maintenant, la préoccupation, ça devient que ces idées que portent le film (pas nouvelles pour beaucoup, mais belles et bien vivantes) germent et prennent racines un peu partout.

 

A cet effet, avec Maud, on publie aussi un livre pour faire connaître le quartier d’Exarcheia.

 

Un peu comme en 2011, ce livre sur les slogans, tags, affiches et graffitis athéniens qui avait pas mal tourné. Depuis 2008, avec Maud, on archive des milliers de photos de murs athéniens, pour moitié à Exarcheia ou alentours. Car ces créations murales sont souvent éphémères. Un travail de mémoire qui servira peut-être un jour ?

 

En France aussi, les murs parlent. Par exemple à Marseille (via Nina et Batras).

 

Ou encore en Bretagne…

 

De même qu’à Athènes, à chaque occupation de l’Ecole polytechnique, le même tag réapparait, côté Patission.

 

Les projections continuent pour inaugurer les nouvelles occupations…

 

En France, le mouvement contre la loi travail et son monde commence en mars 2016.

 

Et remarque immédiate de Maud : le slogan semble avoir fait son chemin, il est repris par les uns et par les autres. Dans les rangs des syndicats…

 

… comme au sein des cortèges de têtes (larueourien.tumblr.com).

 

Nantes, Rennes ou Paris ?

 

Les banderoles contre la loi travail parlent parfois grec. Ici, à Nantes : « résistance » à gauche, « ne vivons plus comme des esclaves » à droite.

 

Sur les barricades. Ici, celle du port de Lorient, les 19 et 20 mai.

 

Sur les blocages des raffineries ou des artères principales. Ici, le blocage de Moulins début juin (via Sid Pirata).

 

Où ?

 

Un an plus tard, en septembre 2017.

 

Idem en Grèce. Le slogan reste très utilisé par le mouvement social. Ici, le groupe anarchiste Rouvikonas, très réputé pour ses actions ciblées, qui signe, encore récemment, « pas question de vivre comme des esclaves ».

 

Au pied des affiches, telle une signature, un but, une phrase de ralliement.

 

Radio Fragmata. Athènes, juin 2017.

 

Toujours ensemble au fil des années. Quelques rides en plus.

 

Les années passent, mais pas question de baisser les bras.
Pas facile de choisir 42 photos parmi des milliers ! Ce soir ou demain, je vais essayer de faire de même pour « Je lutte donc je suis ».