Merci pour ce tour de France et de Belgique formidable !

 


Il est bientôt 2h du matin sur la route du retour, quelque part entre Lyon et Marseille. La dernière séance était chouette et affichait complet, une fois de plus, avec un super public : drôle, attachant et chaleureux.

MERCI POUR CE TOUR DE FRANCE ET DE BELGIQUE FORMIDABLE !

Durant ces 33 étapes en 25 jours, nous nous sommes régalés. Nous avons croisé des personnes exemplaires, généreuses, courageuses. Des collectifs infatigables.

Vous nous avez également gâtés à titre personnel, avec des repas aux petits oignons, des petits-déj gastronomiques, des surprises de toutes sortes, des chambres douillettes et parfois en allant jusqu’à nous prêter votre lit ou même votre logement tout entier. Dans la tour sans ascenseur de Bébért à Montbeliard, au cœur d’une cité ouvrière, le petit-déjeuner était 100 fois mieux que celui du palace le plus cher de Dubai, avec toutes sortes de confitures maison fabriquées avec les quelques fruits glanés lors de ses promenades en solitaire. Dans la cabane au fond du jardin de Chantal et Michel (le génie du bois), la nuit était plus douce que l’été sous les étoiles. Sans oublier l’hébergement surprise à Nantes, parmi plus de 50 propositions, alors que nous ne savions plus où dormir : au coin du feu chez Dominique et Marie que nous ne connaissions pas du tout. Et tant d’autres exemples à citer, tant d’autres vieux amis ou récentes rencontres, tant d’autres souvenirs qui nous ont marqué, tout le long du parcours. Impossible de citer tout le monde, mais le cœur y est.

À vous, toutes et tous, qui nous avez hébergés, qui nous avez nourris, qui nous avez accueillis dans votre cinéma ou dans votre local autogéré, qui êtes venus à nos projections et qui nous avez encouragés, soutenus et félicités si souvent, un seul mot : merci.

Vous nous avez donné une énergie incroyable, une envie d’agir et de continuer la route, de ville en ville, de Brest à Strasbourg et de Perpignan à Dunkerque, sans oublier Liège et Bruxelles.

D’autant plus que ce tour de France et de Belgique n’a pas été qu’une tournée de 33 projections-débats en 25 jours : il y avait aussi plein de rendez-vous invisibles dans le programme annoncé sur le site du film. Nous sommes allés sur beaucoup de lieux de luttes, à l’invitation de nombreux collectifs, en soutien de squats, de zads, de personnes d’ici et d’ailleurs, sans oublier les enfants. En effet, durant ce grand tour de milliers de kilomètres, j’ai animé plusieurs dizaines d’ateliers philo avec des centaines d’enfants et d’adolescents dans les classes d’enseignants amis ou sympathisants, et parfois dans des médiathèques. Presque autant que les spectateurs du film, au fil du chemin dans les ilots d’utopie du vieux monde en ruines.

Cette nuit encore, à l’instar du reste de la tournée, nous roulons sous la lune vers la destination suivante : Marseille. Cette nuit encore, je vais dormir chichement, pas avant 4h du mat’, avant de retourner dans une école dès demain matin. Mais je ne me force pas, je me régale ! C’est l’une de mes passions !

Demain matin, c’est mon ami Frédéric Grimaud qui va passer me chercher pour que j’aille animer un atelier philo dans sa classe de maternelle (on parle dans ce cas là d’éveil à la pensée plutôt que de philosophie à proprement parler). Fred a écrit de nombreux livres sur l’éducation et, en particulier, sur l’évolution de sa profession. Son dernier bouquin, sorti ces jours-ci, traite du « taylorisme à l’école » avec pour titre : « Enseignants, les nouveaux prolétaires » (éditions ESF-sciences humaines). Je vous le conseille, comme tout ce qu’écrit Fred qui est aussi un syndicaliste très engagé et un membre actif du lieu autogéré « Le rallumeur d’étoiles » où se terminera notre séjour de quelques mois en France, avant de reprendre la route vers la Grèce avec le convoi solidaire. En cet instant, je pense aussi aux occupants des 4 fourgons de bricolage du convoi qui dorment déjà quelque part en Italie et qui arriveront avant nous en Grèce.

Quand je fais des nuits courtes, quelque part en France, je songe à mes compagnons de lutte restés en Grèce, notamment mes frères et sœurs de lutte de Rouvikonas qui mènent parfois des actions très difficiles au cœur de la nuit avant d’aller bosser durement sur un chantier le lendemain matin. Même si le rythme de ma tournée est parfois un peu effréné, notamment à cause du nombre d’interventions dans des écoles, des collèges et des universités, entre les soirées cinéma, tout ça n’est rien en comparaison de ce que font mes proches pendant ce temps, à l’autre bout du continent européen, en prenant tous les risques.

Je suis heureux de pouvoir leur apporter régulièrement du soutien avec le film, notamment financier bien sûr, comme à d’autres collectifs, et de faire connaître cette histoire des luttes qui est loin d’être terminée.

La pluie commence à tomber. Le pare-brise se floute. La chaussée devient glissante. C’est le bon moment pour relayer un peu Maud qui, toujours aussi discrète (par choix), effectue un travail colossal, en Grèce comme en France. De son côté, Achille s’est endormi. Lui aussi a fait son voyage, plusieurs années après les films précédents, à un âge où, désormais, il comprend mieux les tenants et les aboutissants. Merci aussi de ce que vous avez fait pour lui.

Bon, je termine cette lettre pour reprendre le volant. Bonne nuit à vous ou bon réveil. Et, encore une fois, un grand merci.

Yannis Youlountas

PS : si le grand tour de France et de Belgique se termine, la première tournée du film n’est pas encore finie. Ce mardi soir, nous serons à Marseille (cinéma Le Gyptis), puis mercredi à Avignon (cinéma Utopia), etc. jusqu’au 6 avril à Martigues pour finir (cinéma La Cascade). Tous les détails sur le site de Nous n’avons pas peur des ruines.