Persona non grata sur France-info ? C’est de bonne guerre !

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Tiens, c’est la deuxième fois cette année qu’un journaliste français qui souhaitait faire un sujet avec moi essuie un refus de sa hiérarchie. En plus, il s’agissait cette fois d’une grande station de radio publique.

PERSONA NON GRATA SUR FRANCE-INFO ?
C’EST DE BONNE GUERRE !

Je n’ai pas exactement compris ce qui s’est passé, mais, ceci dit, ça m’arrange. Certes, je ne confonds pas radio et télé, mais je ne suis pas convaincu (et Maud non plus) de l’opportunité de mettre les pieds dans les grandes stations bourrées de pubs et de lieux communs.

Même si je ne représente pas grand-chose, il me semble incohérent de cautionner les médias qui roulent quotidiennement dans la farine leurs auditeurs au sujet de la situation réelle en Grèce. Oui, je sais, faire savoir massivement que « Je lutte donc je suis » est gratuit sur Internet aurait sans doute été utile pour diffuser nos idées, mais à quel prix ? Celui de la cohérence.

Par contre, je soutiens évidemment les radios indépendantes et les télés autogérées qui diffusent sur le net. Il y a quelques jours, à Thessalonique, j’ai retrouvé avec joie mes vieux camarades de 102FM et ERT3. Même si la situation a évolué, l’esprit de lutte est toujours là, y compris dans les locaux de la station et de la chaîne (qui a vécu la même expérience extraordinaire durant deux ans que ERT Open, basée à Athènes).

Regardez ces photos que j’ai prises dans les locaux de Thessalonique, le mois dernier, à l’occasion d’une émission avec eux :
– sur la devanture du bâtiment, on peut encore lire « Nous avons gardé ouvert ERT durant deux ans en autogestion et autonomie ! » accompagné de plein de « OXI » ;

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– dans les studios, une affiche « No pasaran ! » fait le parallèle avec l’insurrection de l’Ecole polytechnique d’Exarcheia face aux tanks de la dictature des Colonels ;

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– sur l’ancienne porte de la direction, on s’émeut de lire encore « AUTO-direction de la radio » ;

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– et dans le bureau en question, trône encore l’affiche historique « ERT au service de la société, pas au service du pouvoir. »

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J’ajoute quelques images de l’accueil formidable de mes camarades de ERT3 à nos films et débats en Grèce.

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De retour en France, j’observe, une fois de plus, que la parole publique est de plus en plus contrôlée par un pouvoir chaque jour plus autoritaire. Cependant, je ne suis pas surpris qu’un anarchiste sans bienséance ni diplomatie soit interdit d’antenne. Je m’étonne plutôt qu’un journaliste bienveillant ait pu imaginer possible, un seul instant, de passer avec moi sous les fourches caudines de ce qui est acceptable ou pas à l’antenne.

Je ne suis pas acceptable ? Tant mieux. C’est de bonne guerre.

Et ce n’est pas du tout un problème, car nous n’avons absolument pas besoin des mass-médias français. La preuve ? Au total, pour chacun de nos films nous avons, chose extrêmement rare, dépassé les 200 projections-débats (bientôt 500 en tout) et presque autant de salles combles, sans jamais qu’aucun mass-média n’ait daigné citer ne serait-ce qu’une seule fois le titre de nos films. Dans la même veine, l’un d’entre vous nous a signalé que nous sommes quasiment les seuls sur les sites de cinoche du genre allociné à n’avoir absolument aucune critique presse :

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Bref, nous n’existons pas, tout simplement, balayés sous le tapis avec la poussière. Pourquoi ? Parce que nous sommes des grains de sable.

Parce que nous n’attaquons pas seulement la finance, mais le capitalisme dans son ensemble.

Parce que nous n’attaquons pas seulement les pollueurs, mais tout le productivisme.

Parce que nous n’attaquons pas seulement l’oligarchie, mais l’existence même du pouvoir.

Oui, directeurs de pseudo-grandes rédactions, nous sommes vos ennemis jurés et vous avez raison de nous bannir. Nous n’avons aucune envie de copiner avec vous ni de manger à votre râtelier financé par les marchands d’armes et de béton. Nous n’avons qu’un seul désir : la révolution sociale qui vous balaiera d’un seul mouvement avec vos patrons et vos homologues.

Bravo aux journalistes de résistance qui ne mangent pas de ce pain là. Et au diable tous les serviteurs du pouvoir.

Yannis Youlountas