Orient, mon amour

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A l’inverse des racistes et paranos de tous bords qui propagent leur venin en France et en Grèce, j’ai toujours été amoureux des rives sud et est de la Méditerranée.

ORIENT, MON AMOUR

Depuis ma plus tendre enfance, rien ne m’a plus attiré que l’Orient, ses mythes, ses déserts, ses arômes, ses parfums, ses visages. Mon premier amour était d’origine tunisienne. Ma première fugue était avec une égyptienne. Ma première correspondance platonique avec une palestinienne.

Avec le temps, j’ai compris que les Grecs de l’antiquité n’avaient pas tant inventé que fait la synthèse des savoirs de leur temps, presque tous orientaux, grâce à leurs inlassables odyssées à l’Est et au Sud. Parmi ces illustres savants, mathématiciens, philosophes, aèdes et physiciens, beaucoup vivaient ou avaient vécu de l’autre côté de la mer Égée ou de la mer de Libye. Le « miracle grec » n’était donc pas tant une affaire de génie, et encore moins de supériorité, que d’ouverture à autrui, de métissage et de voyages.

Mon désir d’une vie nomade date de cette époque. A mes 22 ans, alors avec mon baluchon entre Marseille, Toulouse, Athènes et Réthymnon, c’est la sublime Yasmine Naji qui m’a initié à Nouhad Haddad, plus connue sous le nom de Fairuz (ou Fayrouz), une célèbre chanteuse libanaise dont la musique ne m’a jamais quitté.

Le temps passe. 24 ans plus tard, j’ai retrouvé Yasmine au hasard de la vie et découvert son talent d’artiste-plasticienne, j’ai préfacé un roman incendiaire de ma camarade libertaire Sarah Haidar que je retrouverai dans deux semaines à Alger, j’ai planché avec ma camarade autogestionnaire et féministe kurde Hawzhin Azeez que je rejoindrai dans quelques mois au Rojava, j’ai publié avec l’intrépide dessinatrice et rebelle de la révolution tunisienne Nadia Khiari alias Willis Fromtunis dans Siné Mensuel, j’ai même une ange gardienne qui s’appelle Naz Oke et qui veille sur mon blog depuis un nuage utopique dans le ciel nommé Kedistan, j’ai monté des barricades à Athènes avec une jeune camarade prénommée Sokar, irréductible réfugiée syrienne qui, durant une nuit de décembre 2015, est tombée d’un canot en mer Egée et a tout de même réussi à rejoindre seule Lesbos à la nage sous les étoiles, et surtout, je vis depuis treize ans avec une femme extraordinaire d’origine algérienne, Maud, qui est aussi ma principale camarade de lutte et de création.

Pour moi, l’Orient tout entier est une histoire d’amour, un envoûtement, une odyssée.

Ce soir, Fairuz fête son 82ème anniversaire. Plus que jamais, le doux sortilège de sa voix accompagne mes lignes. A sud-est de la trop fière Europe, il y a la Grèce et, au-delà des eaux, des vents et des idées reçues, il y a l’Orient.

Yannis Youlountas

 

 

 


(sur la quarantième symphonie de Mozart)