Tsipras : la honte

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Une jeune réfugiée syrienne vient de mourir, faute de médecin, dans le camp de détention Softex de Thessalonique, à quelques centaines de mètres des squats solidaires brutalement fermés il y a deux jours.

TSIPRAS : LA HONTE

Elle s’appelait Azaz Ragda, elle avait 29 ans. Elle avait survécu aux terribles bombardements en Syrie, puis à la dangereuse traversée vers la Grèce. Elle était arrivée saine et sauve à Thessalonique, avec son amoureux, et rêvait de pouvoir se poser, enfin, et d’avoir un enfant avec lui.

Mais arrêtés par la police grecque, ils avaient été envoyés dans le camp de détention Softex, installé dans une ancienne usine de papier désaffectée, dans la zone industrielle de Thessalonique.

Ces dernières semaines, des insuffisances sanitaires avaient été signalées, notamment la faible présence de la croix rouge, seulement quelques heures chaque jour, malgré plus d’un millier de réfugiés dans ce camp. L’organisation humanitaire avait déclaré se répartir au maximum de ses capacités entre les nombreux camps de la région et renvoyait la responsabilité à l’Etat, notamment pour obtenir une présence médicale permanente.

Un Etat grec sourd, brutal, inhumain, qui arrête, déporte, enferme, expulse, mais qui n’assume pas ses responsabilités quant aux conditions de vie insoutenables dans la plupart des camps.

Un Etat qui a même fait exactement l’inverse, avant-hier matin : au lieu de balayer devant sa porte, Tsipras a osé faire fermer les trois squats solidaires de Thessalonique, au sein desquels le mouvement social accueillait formidablement des centaines de réfugiés heureux.

Hier après-midi, alors que se déroulait l’injuste procès d’une partie des squatteurs solidaires au Tribunal de la ville, Azaz Ragda est morte d’une crise d’épilepsie dans le camp où elle était enfermée, sans aucune assistance médicale. L’ambulance est arrivée beaucoup trop tard (au bout d’une heure environ). Les conditions de détention, notamment médicales et sanitaires, sont directement en causes selon tous les témoignages.

C’était précisément l’argument fallacieux du gouvernement Tsipras pour faire fermer les squats solidaires et fraternels, à quelques centaines de mètres de là.

La honte.

Yannis Youlountas

PS1 : Absolument aucun média français n’en parle depuis hier soir. A vous de nous aider à percer cette chape de plomb.
PS2 : Tsipras ne se débarrassera pas aussi facilement de la solidarité du mouvement social avec les réfugiés. Non seulement les manifestations d’hier ont été nombreuses et massives, mais en plus le mouvement anti-autoritaire de Thessalonique vient de riposter en occupant deux nouveaux squats dès aujourd’hui : le théâtre des beaux-arts, à côté de l’université Aristote, et un ancien restaurant abandonné, également au centre de la deuxième ville de Grèce. Non, rien n’est fini, bien au contraire.